L’Allemagne, avons-nous besoin de le dire ici ? nous a toujours été chère. S’il existe pour l’homme, en dehors du sol natal, une seconde patrie que l’âme et l’intelligence, obéissant à l’irrésistible loi des premières sensations, du premier enthousiasme, aient le droit de se choisir, cette terre fut pour nous le pays de Goethe et de Beethoven, de Hegel, de Novalis, d’Arnim et de Weber. Et quand nous la désignons par ses penseurs, ses artistes, ce n’est point pour essayer d’échapper à la politique, aujourd’hui partout prédominante, mais pour bien marquer tout d’abord que nous n’entendons rien sacrifier de ce qui constitue à nos yeux la véritable grandeur de l’Allemagne, — grandeur faite d’idéal et de réalité, où le passé et le présent se rencontrent, et dont les dynasties promènent à travers l’histoire le caractère spécialement intellectuel. L’Allemagne et l’Italie ont cela de commun, que jamais rien ne les distrait des choses