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du progrès scientifique. S’il est un moyen de prévenir les effets désastreux de la grêle, c’est l’étude de l’électricité atmosphérique et l’observation des orages qui en amèneront la découverte. Les promesses les plus tentantes n’en hâteront pas l’avènement d’une minute, de même que des prix, si enviables qu’on les suppose, sont incapables de faire éclore les chefs-d’œuvre des arts ou de la littérature.

Quand les observations simultanées des tempêtes et des orages auront été continuées pendant une dizaine d’années, on en déduira des lois certaines pour la prévision du temps à courte échéance, c’est-à-dire deux ou trois jours d’avance, car les prédictions à long terme resteront toujours des chimères pour quiconque a étudié les élémens de la physique et la météorologie. Dès aujourd’hui, M. Marié-Davy a pu donner quelques règles et préciser les signes fort vagues dont on se contentait autrefois. Le problème consiste à saisir les premiers indices de l’arrivée sur les côtes d’Europe de chaque tourbillon ou mouvement tournant, et à déterminer la direction qu’il doit suivre, la vitesse avec laquelle il se transporte ; c’est le baromètre qui donnera les indications les plus précieuses, puis viennent celles tirées de la direction du vent, de l’état du ciel et de l’humidité de l’air. Nous ne saurions entrer dans le détail de ces indications, qui varient sur les différens points du littoral, partagé pour cet objet en quatre zones ; mais la pratique a montré qu’elles étaient rarement en défaut. Des avis donnés dans les ports de l’Angleterre et de la France ont déjà prévenu bien des malheurs : l’approche d’une tempête signalée aux navigateurs et aux pêcheurs les a souvent retenus dans le port la veille ou l’avant-veille du jour où la tempête allait se déchaîner. En Angleterre, ce service, fondé par l’amiral Fitz-Roy, fonctionne avec une grande régularité. Des cartes murales des îles britanniques exposées chaque jour avec l’indication du temps qu’il fait sur les côtes de cet archipel, avec des avis sur la marche des tempêtes, permettent au marin d’apprécier la probabilité du beau ou du mauvais temps qui l’attend dans les parages où il a l’intention de se rendre. Ces cartes contribuent à l’éducation météorologique du dernier matelot ; elles développent son jugement, forment son expérience, deviennent le sujet de ses conversations habituelles et augmentent sa confiance en lui-même. Espérons que toutes les côtes de France seront bientôt dotées d’un service semblable. Les hommes de bonne volonté ne manqueront pas : les capitaines de port, des officiers de marine en retraite offrent leurs services ; il ne suffit pas de les accepter, il faut leur fournir les moyens de les rendre utiles en leur donnant la franchise télégraphique et en leur fournissant les instrumens météorologiques indispensables à la prévision du temps.


CH. MARTINS


V. DE MARS.