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déterminée par un mouvement de spéculation irréfléchie, traversée tout à coup par un de ces graves accidens politiques qui ébranlent la confiance générale, voilà la cause palpable de la crise actuelle. La Banque d’Angleterre n’y est pour rien. On ne peut recourir à elle, et elle n’est un instrument de salut dans le désarroi universel que parce que, sévèrement contenue par la loi politique de son institution, elle n’a point commis et n’a pas pu commettre les lourdes et funestes fautes qui ont compromis les banques libres. Les institutions de crédit analogues à la Banque d’Angleterre, la Banque de France par exemple, si souvent attaquée parmi nous par les promoteurs des spéculations qui poussent sans relâche à l’immobilisation des capitaux, peuvent invoquer en leur faveur l’autorité de cette douloureuse expérience.

Il y avait longtemps qu’on ne parlait plus de l’Espagne. Il y aurait justice aujourd’hui à féliciter le maréchal O’Donnell d’avoir enfin entrepris courageusement de régler la situation financière. Que d’années ont été désastreusement perdues depuis que des conseils sérieux, auxquels nous avons pris nous-mêmes la liberté de nous associer, ont engagé le maréchal O’Donnell durant son précédent ministère et ses éphémères successeurs à entrer dans cette voie ! Le premier ministre d’Espagne a solennellement annoncé l’intention de donner à la catégorie des créanciers frustrés de son pays des compensations équitables et libérales. La nouvelle politique du gouvernement espagnol rouvrira certainement à l’Espagne l’accès des grands marchés européens. Le trésor espagnol a besoin d’argent, et le maréchal O’Donnell a annoncé l’émission prochaine d’un emprunt considérable. Certes l’Espagne ne pouvait s’adresser au crédit en un plus mauvais moment, et voilà ce qu’on gagne à un si long ajournement des mesures de justice. Cependant il faut tenir compte du meilleur esprit qui anime le gouvernement espagnol et du privilège relatif de repos et de sécurité dont l’Espagne jouit et peut tirer grand profit, elle qui ne peut être atteinte et compromise par les commotions qui troublent en ce moment l’Europe centrale.


E. FORCADE.



REVUES ET NOTICES

LA PREVISION DU TEMPS[1].

Placé depuis trois ans à la tête du département météorologique de l’Observatoire sous la direction de M. Leverrier, M. Marié-Davy a cru devoir

  1. Les Mouvement de l’atmosphère et des mers considérés au point de vue de la prévision du temps, par M. Marié-Davy, chef de la section de météorologie à l’Observatoire de Paris.