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tout genre l’activité sociale. La France, en 1818, avait 476 millions d’impôts indirects ; elle lève plus de 1 milliard 200 millions aujourd’hui. Les Italiens sont arriérés, et le besoin d’aller un peu vite peut les pousser en mauvaise route. L’enregistrement et le timbre, qui procurent déjà 70 millions, donneront aisément 25 millions de plus, si, au lieu d’élever les tarifs, on les abaisse en élargissant les bases de l’impôt, conformément à un plan préparé par M. Sella. On se plaint que les douanes coûtent cher et rapportent peu. Cela tient à la configuration du pays, dont presque toutes les frontières sont maritimes. A mesure que l’aisance publique élargira la consommation, on pourra diminuer les frais avec plus de profits, parce qu’on découragera la contrebande en abaissant les tarifs.

Les produits de la poste sont inscrits en recettes pour 15 millions, et la dépense est de 17,223,000 francs : symptôme déplorable. A qui s’en prendre si ce n’est aux despotismes malfaisans des époques antérieures, qui ont laissé 17 millions d’habitans sur 22 complètement illettrés ? Il servirait peu d’abaisser les tarifs d’affranchissement pour multiplier les correspondances épistolaires. La vivacité naturelle des esprits faussée par l’ignorance dégénère en activité malsaine. Il y a un impôt qui grandit de lui-même en Italie : c’est la loterie. On avait estimé le montant des mises l’année dernière à 40 millions, la recette a été de 60,433,577 francs, ce qui doit laisser au trésor un bénéfice net de 20 millions. Instruction et liberté, voilà les correctifs. Sous la restauration, les postes françaises transportaient 60 millions de lettres, et la loterie procurait au budget une quinzaine de millions. Aujourd’hui la loterie est supprimée, et on distribue plus de 300 millions de lettres avec un bénéfice égal pour le trésor.

Revenons aux perceptions possibles en Italie ; l’impôt sur les boissons est de ce nombre. On récolte chaque année, suivant M. Scialoja, de trente à quarante millions d’hectolitres de vin : c’est une grande richesse ; la France même ne dépasse ces résultats que dans les années réputées bonnes. Le ministre, avec son droit de consommation, perçu au moment de la mise en tonneau, aurait atteint jusqu’aux propriétaires. On a objecté qu’il accablerait l’industrie viticole en infligeant au producteur l’obligation de faire au trésor l’avance de l’impôt. La commission paraît préférer le régime qui fait peser toute la charge sur les quantités livrées au commerce. C’est par cette voie qu’on est arrivé en France à exagérer le droit de détail et à faire payer plus de la moitié de l’impôt par la dixième partie des vins qui sont récoltés. Ce procédé est funeste à tous les intérêts, en ce sens qu’il comprime la multitude au sein de laquelle il faudrait au contraire chercher des contribuables nouveaux. La fiscalité ne manque pas de moyens pour concilier les deux