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dette flottante, et en même temps les. ventes de chemins de fer et de propriétés domaniales ont affaibli les revenus de 23 millions net.

L’inquiétude fut longtemps contenue par cette discrétion politique dont les Italiens ont fait le pénible apprentissage sous le despotisme. On craignait d’augmenter les embarras du trésor en provoquant le discrédit. Toutefois, vers la fin de l’année dernière, en préparant la loi financière de 1866, on se trouva après tous les sacrifices, en présence d’un déficit effrayant. Alors le cri public constata le danger, il l’exagéra. Le parlement s’est refusé à discuter le budget de 1866 pour ne pas consacrer le déficit par son vote. Peu satisfait des propositions ministérielles, il a légalisé la perception des impôts en accordant des douzièmes provisoires ; il s’est donné à lui-même la tâche d’en finir avec les déficits et les expédiens, résolu, s’il le faut, à trancher les difficultés par des réformes radicales. Une commission extraordinaire a charge de préparer le travail, et son rapport est impatiemment attendu. Pour venir en aide au parlement, le public accueille des projets fort louables d’intention, mais où se trahit un peu trop l’état fiévreux des esprits. On a lancé l’idée du consorzio, cette cotisation patriotique dont on prétend faire un moyen d’amortissement. Les principaux capitalistes sont réunis au nombre de cent cinquante, et proposent entre eux de remplir le déficit au moyen d’un emprunt contracté au pair, c’est-à-dire à 48 pour 100 au-dessus du cours de la place. Bref, il n’y a en ce moment qu’un désir et qu’un cri dans la nation pour soulager le trésor et mettre l’état financier sur un pied respectable.

Les seuls moyens praticables pour équilibrer les budgets reviennent en définitive à trois combinaisons : économies dans les dépenses, augmentation des impôts, ou ressources exceptionnelles, qui sont toujours des aliénations de valeurs ou des emprunts. Ce troisième moyen soulève en Italie des répugnances vivement prononcées. On reconnaît qu’il est difficile de réduire les dépenses, d’une manière bien efficace : l’opinion paraît résignée à la surcharge des impôts. Cette disposition lui fait honneur : il reste à savoir dans quelle mesure elle est réalisable.

Le projet de budget pour 1866, développé devant le parlement le 12 décembre dernier par le ministre des finances M. Quentin Sella, se résumait ainsi :


Dépenses ordinaires et extraordinaires 932,757,175 fr.
Recettes 667,641,742 fr.
Déficit 265,115,433 fr.

L’amoindrissement de ce déficit étant comme un sujet, mis au