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l’endroit où je me tiens toujours,… quelle affaire !… Heureusement l’idée m’est venue à temps de les effacer. (Avec son pied, elle efface les traces des pas.)

TRISTAN, à part.

Que fait-elle donc ?

GABRIELLE, regardant à la dérobée du côté du mur, à part..

Il est encore là. (Tout en effaçant les traces des pas.) S’il savait qui je suis, le vilain garçon se serait enfui avec plus d’empressement, j’en suis sûre. J’ai bien fait de ne pas me nommer.

TRISTAN, à part.

Je comprends… elle craint d’être compromise et elle efface… (haut. ) Mademoiselle !

GABRIELLE, feignant la surprise.

Comment ! vous n’êtes pas parti ?

TRISTAN.

J’achève de descendre… prudemment pour ne pas me rompre le cou… Un dernier mot, mademoiselle !

GABRIELLE.

Quoi encore ?

TRISTAN.

Je désirerais connaître votre nom afin de pouvoir baptiser le charmant souvenir que j’emporte de vous.

GABRIELLE.

C’est inutile, monsieur.

TRISTAN.

Vous me refusez ?

GABRIELLE.

Je vous en prie, monsieur, descendez.

TRISTAN.

C’est bien, mademoiselle, je descends… je descends… (on entend les aboiemens d’un chien, Tristan remonte précipitamment.) Mademoiselle, il y a un chien énorme qui me guette au pied du mur.

GABRIELLE.

Qu’est-ce que cela fait ?

TRISTAN, à cheval sur le mur.

Mais, mademoiselle, il me paraît féroce, et je n’ai pas envie d’être mordu.

GABRIELLE.

Mais, monsieur, s’il continue d’aboyer, on va venir, et je suis perdue !

TRISTAN.

Certainement j’aime mieux être mordu que de vous perdre ; j’avoue cependant que s’il y avait un autre moyen… (le chien aboie plus fort.)

GABRIELLE.

Que ne le faites-vous taire !… Peut-être qu’en lui parlant doucement…

TRISTAN.

Nous allons bien voir ! (Parlant au chien.) Allons donc ! Stopp ! Black ! Mirza !