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Comment fera la France pour leur porter secours à travers les guerres d’Allemagne et d’Italie ?

Au milieu des anxiétés qu’inspirent les complications extérieures, les derniers actes de notre session parlementaire ont nécessairement perdu une grande partie de l’intérêt qu’ils auraient dû exciter. Le milieu politique actuel notamment n’est rien moins que favorable à la discussion des mesures financières, qui n’arrive malheureusement qu’à la fin des sessions. C’était une importante mesure de ce genre que la loi qui établit l’organisation nouvelle de l’amortissement ; mais la grande importance de la restauration de l’amortissement était d’ouvrir une ère où l’on allait travailler efficacement à la réduction de la dette. Un gouvernement qui annonce l’intention d’amortir la dette a besoin, ce semble, pour que son effort ait plus d’éclat et inspire une plus grande espérance, d’avoir en face de lui de profonds horizons pacifiques. La nouvelle inauguration de l’amortissement a été mal venue à une époque où la paix, même loyalement voulue et courageusement espérée, demeure si précaire. Les circonstances procurent au budget la même mésaventure. On avait accompli de modestes et utiles réductions de dépenses ; on obtenait l’équilibre budgétaire, cet objet devenu presque chimérique des rêves de nos ministres financiers. Se trouvait-on en présence d’une réalité ou d’un mirage ? Cela va dépendre de la question de la paix ou de la guerre. Nous comprenons donc que l’attention publique s’attache médiocrement à un budget de paix qui peut, avant la fin de l’année, être transformé en budget de guerre. Cette préoccupation des dépenses que les accidens politiques pourraient ajouter aux prévisions ordinaires existait dans le corps législatif, et s’est fait jour dans une interpellation de M. Garnier-Pagès. L’honorable député, organe de plusieurs de ses collègues, a cru devoir demander également si le gouvernement convoquerait extraordinairement la chambre dans le cas où les événemens de la politique extérieure rendraient nécessaires des supplémens de crédit. M. Rouher a répondu aux questions de M. Garnier-Pagès avec une entière netteté et une parfaite convenance. M. Rouher, qui comprend mieux que personne la haute moralité et la bienfaisante influence de la paix, affermit ses espérances sur l’énergie de son honnête conviction ; il est persuadé que les conclusions de la lettre impériale ne seront point démenties, que la France observera la neutralité, et ne sera point engagée dans les conflits qui menacent l’Europe. Si cependant cet espoir devait être trompé, si la tournure des événemens imposait au gouvernement un changement de politique, M. Rouher a très loyalement et très catégoriquement rappelé les obligations imposées au gouvernement dans une conjoncture semblable par l’organisation financière nouvelle. Cette organisation a retiré au pouvoir le droit d’ouvrir par décret des crédits supplémentaires. On voit quelle garantie constitutionnelle est assurée ainsi à l’intervention de la