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DE
L’INSTRUCTION DU PEUPLE
AU DIX-NEUVIÈME SIÊCLE

III.
L’INSTRUCTION OBLIGATOIRE ET LES MOYENS D’APPLICATION.

L’intervention des pouvoirs publics est indispensable pour procurer à tout un peuple les moyens de s’instruire, tel est le point que nous avons essayé d’établir[1], et qui n’admet pas de sérieuses contradictions. Partout où l’état s’est abstenu, l’enseignement primaire a été presque nul et l’ignorance extrême : l’on ne citera pas un seul pays dans lequel les individus, même groupés en puissantes associations, les églises établies ou les corporations, soient parvenus à ouvrir un nombre suffisant d’écoles. — Mais est-ce assez que les communes et l’état fondent les établissemens nécessaires ? ne faut-il pas que la loi oblige les parens à y envoyer leurs enfans ? Déjà traitée en France par plusieurs écrivains compétens, notamment par M. Victor Cousin dans son livre souvent cité sur l’enseignement en Prusse, la question de l’instruction obligatoire vient d’être imposée récemment à l’attention de tous par les conclusions hardies d’un ministre qui, sortant des bornes d’une approbation purement théorique, n’a pas craint de réclamer l’adoption immédiate d’une mesure qui ne permettrait plus à personne de laisser ses

  1. Voyez la Revue du 15 novembre 1865 et du 1er janvier 1866.