Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 62.djvu/901

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans la tempête. La seule image du roi produit la victoire, donne à tous la sécurité et rend invulnérable. » C’est, sous des formes plus modernes, la même servilité monarchique que dans les inscriptions égyptiennes : « le roi de l’Égypte, le gouverneur des déserts, le souverain suprême, maître de tous les barbares, à peine hors des flancs, ses ordres ont dirigé les armées. Aussitôt qu’il fut sorti de l’œuf, taureau au cœur ferme, il a poussé devant lui. »

Dans d’autres fragmens, au milieu de subtilités philosophiques, on trouve çà et là quelques traces d’idées égyptiennes. Un passage cité par Suidas, et d’un caractère gnostique, se termine par une invocation où l’on peut reconnaître, sous une forme altérée, des vers orphiques. Les fragmens conserves par Cyrille sont assez courts ; il y en a un, tiré des Digressions, où le bon démon explique à Osiris la création du monde ; mais de tous les livres hermétiques qui nous sont parvenus, le plus curieux, celui où l’élément égyptien est le plus apparent, c’est le Livre sacré, intitulé aussi la Vierge du monde où la Prunelle du monde, car le mot grec a deux sens, et ni l’un ni l’autre n’est expliqué dans l’ouvrage, dont nous ne possédons que des fragmens. C’est un entretien d’Isis avec son fils Hòros sur la création du monde, l’incarnation des âmes et la métempsycose. Les idées empruntées, les unes au Timée, les autres à des traditions religieuses, sont exposées sous une forme apocalyptique, avec cette enflure oratoire que les littératures de décadence prennent pour la majesté du style hiératique : « c’est un spectacle digne d’admiration et de désir que ces magnificences du ciel, révélations du Dieu encore inconnu, et cette somptueuse majesté de la nuit, éclairée d’une lumière pénétrante, quoique inférieure à celle du soleil, et tous ces autres mystères qui se meuvent dans le ciel en périodes cadencées, réglant et entraînant les choses d’ici-bas par d’occultes influences. »

Le récit de la création est loin d’être clair. L’auteur nous dit, il est vrai, qu’Hermès, « l’intelligence universelle, » avait tout expliqué dans ses livres ; mais il ajoute que ces précieux documens ont été embaumés et enveloppés de bandelettes aussitôt après leur rédaction, et qu’ils sont enfouis « près des secrets d’Osiris. » Il est difficile d’entreprendre des fouilles d’après cette indication. Il faut nous borner à savoir que l’inertie générale dura jusqu’au moment où le Créateur, sur la prière des dieux inférieurs, se décida à ordonner l’univers. « Alors Dieu sourit, et il dit à la nature d’exister, et, sortant de sa voix, le féminin s’avança dans sa parfaite beauté. Les dieux avec stupeur contemplaient cette merveille, et le grand ancêtre, versant un breuvage à la nature, lui ordonna d’être féconde ; puis, pénétrant tout de ses regards, il dit ceci : « Que le