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la création donne à penser que l’auteur est Égyptien. « Le soleil, dit M. de Rougé, est le plus ancien objet du culte égyptien que nous trouvions sur les monumens… Ce qui sans doute n’avait été d’abord qu’un symbole est devenu sur les monumens égyptiens que nous connaissons le fond même de la religion. C’est le soleil lui-même qu’on y trouve habituellement invoqué comme l’être suprême. » Nous retrouvons ces idées développées dans les Définitions d’Asclèpios : « le ciel et la terre sont gouvernés parle créateur, j’entends le soleil, qui fait monter l’essence et descendre la matière, qui donne tour à tour et prodigue les bienfaits de sa lumière. »

La doctrine de l’unité divine est présentée sous une forme panthéiste qui exclut l’idée d’une influence juive : « le maître de l’univers, le créateur et le père, qui est tout dans un et un dans tout, » et plus loin : « toute chose est une partie de Dieu, ainsi Dieu est tout ; en créant, il se crée lui-même. » Quoique ces idées se retrouvent à peu près dans le Timée, elles rappellent encore plus le dieu de la religion égyptienne qui s’engendre lui-même. Ce qui est dit des démons peut se rattacher à l’Égypte aussi bien qu’à la Grèce. Une des fonctions qui leur sont attribuées est la distribution des châtimens. Chez les Grecs, c’était le rôle des Euménides, du démon Eurynomos, peint par Polygnote dans la Lesché de Delphes, des hommes au corps de feu qui, d’après Platon, punissent dans le Tartare les tyrans et autres grands criminels ; mais les démons existent avec le même caractère dans la religion égyptienne. Le Rituel funéraire parle de « bourreaux qui préparent le supplice et l’immolation ; on ne peut échapper à leur vigilance ; ils accompagnent Osiris. Qu’ils ne s’emparent pas de moi ! que je ne tombe pas dans leurs creusets ! »

Un autre fragment contient une allusion à Phidias et une anecdote sur le musicien Eunomios de Locres. Patrizzi, qui fait d’Hermès un contemporain de Moïse, se donne beaucoup de peine pour expliquer ces passages. Il avoue d’ailleurs que l’ensemble du morceau est assez insignifiant, et il hésite à l’attribuer au disciple d’un si grand homme. Je ne sais pourquoi il n’étend pas ses doutes au fragment suivant, car l’un vaut l’autre. Ce sont de froides amplifications d’un rhéteur qui simule l’enthousiasme et confond les louanges des rois avec celles de Dieu. Dans cette plate apothéose de la royauté, à côté de quelques expressions qui rappellent celles qu’on lit sur les anciens monumens d’Égypte, on trouve une explication étymologique du mot grec βαστλεύς et même des phrases qui semblent une allusion au nom de Ptolémée : « c’est la vertu du roi, c’est son nom qui garantit la paix. Le nom seul du roi suffit souvent pour repousser les ennemis. Ses statues sont des phares de paix