Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 62.djvu/877

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

traduction latine faussement attribuée à Apulée, enfin de nombreux fragmens conservés par Stobée, Cyrille, Lactance et Suidas ; les trois principaux sont tirés d’un dialogue intitulé le Livre sacré. M. Parthey annonce la publication de ces divers fragmens ; malheureusement cette partie de son travail n’a pas encore paru. Pour quelques morceaux, on peut y suppléer par le texte de Stobée ; mais pour d’autres, notamment pour les définitions, on en est réduit a l’édition très incorrecte de Patrizzi. Le Poimandrès et l’Asclèpios ont été traduits en vieux français ; il n’existe aucune traduction du Livre sacré ni des autres fragmens. En attendant qu’une publication qui se prépare comble cette lacune, il y aurait intérêt, ce nous semble, à rechercher dès à présent quelle est la véritable portée des livres hermétiques. On essaierait de déterminer l’âge et les origines de ces livres en les comparant avec les documens que les auteurs grecs nous ont laissés sur la religion égyptienne et avec les faits que l’on peut considérer comme acquis à la science des hiéroglyphes. Le développement des études égyptiennes donne un intérêt particulier à cette comparaison. Les races, comme les individus, conservent à travers le temps leur caractère propre et originel. Les philosophes grecs ont souvent reproduit dans leurs systèmes la physique des poètes mythologiques, peut-être sans s’en apercevoir. On trouve de même entre la période religieuse de l’Égypte et sa période philosophique quelques-uns de ces rapports généraux qui donnent un air de famille à toutes les expressions de la pensée d’un peuple. Personne n’admet plus aujourd’hui la prétendue immobilité de l’Égypte ; elle n’a pu rester stationnaire entre le temps des pyramides et l’ère chrétienne. Tout ce qui est vivant se transforme, les sociétés théocratiques comme les autres, quoique plus lentement, parce que leur vie est moins active. Pour faire l’histoire de la religion égyptienne comme on a fait celle de la religion grecque, il faut tenir compte de ses transformations. Les plus anciennes ne peuvent être connues que par une chronologie exacte des monumens hiéroglyphiques ; les dernières nous sont attestées par la manière différente dont les auteurs grecs en parlent à différentes époques. Enfin de la rencontre des doctrines religieuses de l’Égypte et des doctrines philosophiques de la Grèce sortit la philosophie égyptienne, qui n’a laissé d’autres monumens que les livres d’Hermès, et dans laquelle on reconnaît, sous une forme abstraite, les idées et les tendances qui s’étaient produites auparavant sous une forme mythologique.

Une autre comparaison qui nous intéresse plus directement est celle qu’on peut établir entre quelques-uns des écrits hermétiques et les monumens juifs ou chrétiens, notamment la Genèse, les ouvrages de Philon, le Pasteur d’Hermas, le quatrième Évangile.