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LES LIVRES
D’HERMÈS TRISMÉGISTE
ET
LES DERNIERS JOURS DE LA PHILOSOPHIE PAÏENNE

Les ténèbres qui enveloppent d’ordinaire la naissance des religions reparaissent presque toujours lorsqu’on veut en étudier la chute. Jouffroy, en quelques pages éloquentes où se retrouvent toutes les qualités de ce délicat et puissant esprit, a cru expliquer comment les dogmes finissent. Le développement qu’ont pris depuis quelque temps les études d’histoire religieuse donne un intérêt particulier à cette obscure question. Bien peu de documens permettent d’en donner une solution vraiment scientifique. Le paganisme, en entendant par ce mot l’espèce de compromis qui s’était établi entre les croyances des divers peuples de l’empire romain, nous offre presque le seul exemple d’une religion qui soit tout à fait morte, du moins en apparence : au IVe siècle de notre ère, l’histoire en constate la chute officielle ; mais n’y eut-il pas, en dehors de Julien et de son entourage, des dévots païens qui protestèrent contre l’avènement des nouvelles croyances ? La vieille foi expirante n’a-t-elle pas fait entendre au moins une plainte qui nous aide à connaître l’état des âmes à ce moment solennel ? Enfin les dogmes qui allaient mourir n’ont-ils pas contribué, dans une certaine mesure, à l’élaboration des dogmes nouveaux ? Ces problèmes tiennent aux origines du christianisme lui-même, et les rares monumens qui les