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admiration, et qui dut exercer sur son esprit et son cœur une si pénétrante influence. Le grand mérite et l’œuvre principale de Marie-Amélie fut d’être une mère sans égale à notre époque, de faire épanouir et de maintenir autour d’elle un esprit et des vertus de famille qu’on a rarement vues réunies à un semblable degré. La reine en elle fut malheureuse assurément et souffrit cruellement pour les siens ; mais osons dire, au moment de sa mort, que la mère fut heureuse et récompensée dans ses enfans. Ces princes, qu’elle avait toujours instruits à remplir avec simplicité et désintéressement leurs devoirs envers la France, elle les a gardés auprès d’elle jusqu’à la fin. Elle a eu la consolation de bénir les enfans de ses petits-enfans. Elle a laissé d’honnêtes et nobles exemples, et les bons sentimens que la nouvelle de sa mort a éveillés partout au milieu de nous sont comme un dernier bienfait qu’elle a rendu à son pays.

E. FORCADE.


ESSAIS ET NOTICES.




LES FOSSILES DU BASSIN D’AIX.

On voudrait appeler l’attention sur une découverte d’êtres fossiles fort intéressans connue depuis quelques années, mais que vient de compléter avec beaucoup de zèle le savant directeur du Muséum d’histoire naturelle de Marseille, M. Barthélémy Lapommeraye. Il s’agit des insectes fossiles du terrain à plâtre d’Aix, en Provence, contemporain de celui de Montmartre. On sait que Cuvier découvrit dans ce dernier les palœotheriums, les anoplotheriums, et autres gigantesques mammifères que son génie parvint à reconstituer avec quelques débris. Les espèces en sont perdues et ne présentent plus aujourd’hui d’analogues que dans les tapirs, les rhinocéros et les hippopotames. Les fossiles du bassin d’Aix, bien que d’espèces plus infimes, ne sont pas moins dignes de tout l’intérêt du philosophe et du naturaliste. Tout un monde éteint : mouches, papillons, libellules, scarabées, coccinelles, araignées, etc., vivaient à la surface de ces eaux gypseuses il y a des milliers de siècles, et ont laissé de la façon la plus nette leur délicate empreinte entre les feuillets du terrain à gypse, tant le dépôt s’est produit lentement et dans un calme absolu. Jamais ne s’est mieux vérifiée cette comparaison des géologues que les fossiles représentent les mé-