en juillet. Aucun arbre ne peut y prendre racine à l’exception du borasse et du gaïac, qui seuls traversent sans périr, grâce à un bois exceptionnellement dur, ces incendies annuels. Le sol est d’une richesse sans égale ; les quelques portions cultivées par les indigènes en donnent d’abondantes preuves. Cette région du Zambèse inférieur, qui embrasse une étendue de 120 kilomètres sur 80, serait surtout propre à la culture de la canne à sucre. Entre les mains d’une population intelligente et active, elle pourrait fournir du sucre à l’Europe tout entière.
On arriva enfin à Tété, où le docteur avait installé, avant son départ en 1856, sa compagnie de Makololos. Livingstone apprit avec chagrin que trente d’entre eux étaient morts de la petite vérole et que six avaient été assassinés. La nouvelle qu’ils allaient revoir leur patrie ne fut pas accueillie avec joie par tous ses compagnons. Plusieurs avaient épousé des femmes esclaves, et l’un d’entre eux avait gagné la sienne par son habileté à la danse. Livingstone leur déclara qu’ils étaient libres de rester si bon leur semblait, mais tous voulurent le suivre au moment du départ. Ce premier élan passé, la désertion se mit dans les rangs, et soixante seulement revirent leur pénates.
Ce voyage, dans lequel Livingstone longea presque toujours le fleuve, ne fit que le confirmer dans ses premières impressions. Le pays qu’arrose le Zambèse est un des plus favorisés de la terre. Les richesses minérales de ces régions sont plus considérables qu’il ne l’avait d’abord pensé. Quand il traversa les plaines de Chiowa, il découvrit le long de la route de nombreuses veines de charbon, et dans le lit d’une rivière il en vit des blocs d’un volume considérable que le courant y avait entraînés. Après trois mois de marche, il arriva à Séchéké, où se trouvait alors Sékélétou. Ce jeune homme si intelligent, qui avait si puissamment aidé le voyageur dans l’accomplissement de ses grands projets, était atteint de la lèpre. Humilié, aigri, irrité, il se croyait victime de quelque maléfice et était devenu cruel et soupçonneux. Livingstone resta quelque temps auprès de lui sans pouvoir apporter un notable soulagement à ses maux et se rendit ensuite à Linyanti, qu’il avait quitté huit ans auparavant. Le crieur public annonça son retour aux habitans de la ville de fort grand matin sous cette forme pittoresque : « J’ai eu un songe ! un songe ! un songe ! Vous, mes chefs Mosale et Pekonmiani, ne vous découragez point, et que vos cœurs ne se troublent point ! Mais croyez aux paroles du monare (du docteur), car son cœur est aussi blanc que le lait envers les Makololos. J’ai songé qu’il arrivait et que la tribu vivrait, si vous priez Dieu et prêtez l’oreille aux paroles du monare. » La première heure des réceptions passée, il se rendit à