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longitude est et le 18° 17’ de latitude sud. — Dans la seconde, revenu d’abord et seul cette fois à Linyanti, il traverse l’Afrique dans sa largeur, de la capitale des Makololos à l’Atlantique et de l’Atlantique aux rives du Mozambique. — Dans la troisième enfin, déjà célèbre, il revient avec le titre de consul, qu’il a reçu dans sa patrie, et explore le bassin du Zambèse inférieur et de son affluent le Shiré, sur un bateau à vapeur de la marine britannique.


III

C’est le 1er juin 1849 que Livingstone se mit en route à la tête d’une petite caravane composée de vingt indigènes, autant de chevaux, plusieurs wagons et quatre-vingts bœufs. Un officier du Cap, M. Oswell, chasseur déterminé, s’était joint à lui ; la femme de Livingstone et sa famille l’accompagnaient. Il fallait certes une épouse courageuse pour tenter une pareille aventure, et une telle résolution n’était possible que grâce au voyage en wagon, mode de transport en usage dans le sud de l’Afrique et qui mérite d’être connu. Ces maisons roulantes, d’une construction assez solide pour résister aux chocs les plus violens, sont assez hautes, pour pouvoir traverser sans danger des cours d’eau d’un certain volume, assez larges pour être solides sur leur base lorsqu’elles longent les flancs d’une colline, et assez grandes pour renfermer lit, table, chaises, ustensiles de cuisine, linge, outils et provisions de plusieurs mois. Derrière ces solides parois, l’on peut entendre sans craint les rugissemens du lion, les hurlemens de l’hyène ou du loup, les grognemens du rhinocéros et l’aboiement du chacal ; les éléphans eux-mêmes s’en tiennent à distance. Ces machines énormes sont traînées par cinq ou six paires de bœufs au moins ; la longueur de cet attelage interdit les détours rapides. La lenteur de la marche est désespérante : à chaque instant, il faut s’arrêter pour abattre ou élaguer des arbres, combler des cavités, abaisser des tertres, sonder des marais, chercher les endroits guéables des rivières. Aux étapes du soir, on dételle les bœufs, qui paissent en liberté autour du wagon et sous la protection d’un feu ; mais l’herbe est rare, l’eau manque, le feu s’éteint, les gardiens s’endorment, les bêtes féroces, arrivent et font une brèche à l’attelage ou le dispersent. Le lendemain, il faut courir de tous côtés pour le réunir, et souvent la matinée se passe sans qu’on ait pu se remettre en route. Malgré ces inconvéniens, Livingstone déclare que cette manière de voyager est la meilleure. L’explorateur peut faire quelques circuits autour de son domicile ambulant, s’en éloigner à une assez grande distance avec la certitude qu’il en retrouvera toujours la trace. Il a tout le temps nécessaire pour bien étudier le pays ; le fusil en bandoulière, la boîte du botaniste