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On fut alors dans une situation toute nouvelle, que n’avaient pas prévue les lois de 1816 et 1817. Devait-on continuer à racheter la rente au-dessus du pair lorsqu’on pouvait la rembourser à ce taux ? On pensa qu’il valait mieux essayer de la réduire par voie de conversions, et M. de Villèle proposa d’abord la conversion obligatoire, qui échoua devant la résistance de la chambre des pairs, puis la conversion facultative, qui n’eut pas tout le succès qu’on attendait. On offrait aux porteurs du 5 pour 100 la faculté de convertir leurs titres en rentes 3 pour 100 à 75 francs, ou en 4 1/2 au pair, et on décidait que l’amortissement cesserait de fonctionner sur les fonds qui seraient au-dessus du pair. 31,700,000 francs de rentes sur 145,000,000 fr. qui existaient à cette époque en dehors de celles qui appartenaient à des établissemens publics, se convertirent en 25 millions 1/2 de rentes 3 pour 100 et procurèrent au trésor une économie annuelle d’un peu plus de 6 millions ; mais la même loi créait, pour les donner aux émigrés à titre d’indemnité, 30 millions de rentes nouvelles 3 pour 100, au capital de 1 milliard ; ce qui porta ce fonds à 55 millions de rentes annuelles. Il fut seul appelé à profiter de l’action de l’amortissement, et pour que celle-ci fût plus efficace, pour qu’elle neutralisât autant que possible les rentes qu’on avait été obligé de créer, on stipula que les rentes qui avaient été rachetées jusqu’à ce jour, et qui pouvaient être annulées en vertu de la loi de 1816, seraient conservées et consacrées ainsi que la dotation au rachat de la dette, qu’on annulerait seulement celles qui seraient rachetées dans l’intervalle de 1825 à 1830. Seize millions de rentes furent ainsi rachetés dans cet intervalle.

En 1830, après l’ébranlement causé par la révolution, le 5 pour 100 retomba au-dessous du pair. On put consacrer à le racheter une partie des ressources de l’amortissement ; mais comme on empruntait en même temps, la somme des rentes ne diminuait pas. Bientôt, le calme ayant été rétabli et la prospérité publique ayant repris son essor, le 5 pour 100 revint au-dessus du pair, et on se trouva encore une fois obligé de reporter sur le seul 3 pour 100 toutes les ressources de l’amortissement. Et comme ces ressources, en y comprenant les supplémens de dotation par suite des emprunts et les rentes rachetées, s’élevaient alors à 95 millions, on eut 95 millions à consacrer par an au rachat d’un fonds qui ne dépassait point 40 millions en rentes, 1,300 millions en capital nominal, et qui n’était pas le tiers de la dette publique, pendant que le seul fonds important de l’état, le 5 pour 100, qui était environ de 160 millions de rente, au capital de plus de 3 milliards, devait être privé du bénéfice de la réduction par voie de l’amortissement. Évidemment il