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pour la fin de l’exercice. À ces conditions, l’équilibre serait maintenu ; mais, on doit le reconnaître, c’est un équilibre un peu problématique : pour qu’il se réalise, il faut d’abord que nous n’ayons pas ce dernier budget qu’on appelle le budget complémentaire, et qui vient presque toujours clore l’exercice par une demande de quelques millions. Il faut ensuite que tout ce qui a été porté comme recette soit exactement payé. Or il y a parmi les recettes extraordinaires du budget de 1866 une indemnité de 25 millions à payer par le Mexique, dont le recouvrement est des plus douteux. Jusqu’à ce jour, il est vrai, les annuités qui étaient dues ont été payées ; mais comment l’ont-elles été ? Au moyen des retenues qui ont été faites sur les emprunts contractés en France par le gouvernement du Mexique, et qui doivent être aujourd’hui à peu près absorbés. Peut-on espérer qu’à défaut d’emprunt l’empire du Mexique trouvera les 25 millions de l’annuité sur ses propres ressources, sur les produits de l’impôt, en dehors des charges exceptionnelles que lui causera pendant longtemps le soin de son établissement ? Cela est peu probable : il est probable au contraire que s’il tient à être fidèle à ses engagemens, il n’aura d’autres moyens de le faire que de recourir à de nouveaux emprunts ; mais le pourra-t-il toujours ? Rencontrera-t-il toujours des capitaux disposés à subir des risques proportionnels aux gros intérêts qu’on leur promet ? On a depuis quelque temps beaucoup abusé des emprunts à gros intérêts ; le public commence à s’en lasser et à s’apercevoir qu’on spécule un peu trop sur sa crédulité : il en a donné dernièrement la preuve en s’éloignant de quelques-uns de ces emprunts qui lui faisaient pourtant les plus magnifiques promesses. Il est donc douteux que l’empire du Mexique, s’il vient de nouveau, dès cette année, faire appel à nos capitaux sur son propre crédit, trouve un accueil favorable, et s’il ne le trouve pas, il est dans l’impossibilité à peu près absolue de payer l’annuité de 25 millions qui est portée au budget de 1866. Voilà une première cause de déficit.

En ce qui concerne le budget complémentaire, on peut-dire qu’à mesure que nous avançons dans la pratique du sénatus-consulte de 1861, nous arrivons à mieux établir les dépenses de cet ordre et à laisser moins de part à l’imprévu. Ainsi le budget rectificatif, qui était de 231 millions en 1862, de 221 en 1863, de 135 en 1864, n’a plus été que de 88 en 1865, et il est en 1866 de 84 millions. — On peut ajouter encore que, si depuis quelques années les dépenses ont dépassé de beaucoup les prévisions, la cause en est dans cette malheureuse expédition du Mexique, qui nous a toujours entraînés au-delà de ce que nous aurions voulu, mais que cette expédition touche à sa fin, et qu’il y a lieu d’espérer que de ce chef au moins on n’aura pas d’augmentation de dépenses sur les