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LE
BUDGET DE 1867
ET
LA NOUVELLE CAISSE D'AMORTISSEMENT

Avons-nous enfin un budget en équilibre ? Telle est la question qu’on se pose chaque année lors de la présentation du budget : on a été tant de fois déçu dans ses espérances, tant de fois on a vu des budgets présentés en équilibre, et qui se réglaient par des déficits considérables, qu’il est permis de garder une certaine défiance à l’endroit des prévisions budgétaires. « Tous les budgets sont présentés et votés avec un excédant de recettes, a dit M. Dupin, et tous se soldent en déficit. »

En voici un pourtant qui, selon toute apparence, n’ajoutera rien au déficit, c’est celui de 1865. M. le ministre des finances nous dit dans son dernier exposé de la situation financière[1] que le budget de 1865, loin d’avoir un déficit, présentera plutôt un excédant qu’il ne peut évaluer encore, mais qui sera plus considérable qu’on ne l’avait supposé d’abord ; nous n’avions pas eu une pareille bonne fortune depuis le budget de 1858. Quant au budget de 1866, sur lequel nous vivons, qui a été présenté et voté aussi avec un excédant de recettes, il est difficile de dire encore comment il se réglera. Déjà on nous demande pour 84 millions de crédits supplémentaires au budget rectificatif, et pour faire face à ces crédits, on est obligé d’escompter la plus-value des impôts pendant le cours de l’année, qu’on estime à 40 millions, d’y ajouter même jusqu’à concurrence de 24 millions les annulations de crédit qu’on prévoit

  1. Voyez le Moniteur du 24 décembre 1865.