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Le pape n’était pas disposé à observer des engagemens qui lui avaient été arrachés par la perfidie et la violence. En attendant ce que lui dirait le roi de France, auquel il avait aussitôt dépêché Guillaume Du Bellay, seigneur de Langey, que ce prince avait envoyé naguère auprès de lui, Clément VII parut exécuter la trêve sur quelques points. Il retira une partie de ses troupes de la Lombardie et rappela ses galères de devant Gênes, dont elles contribuaient à fermer le port depuis le 29 août ; mais il laissait à l’armée de la ligue Jean de Médicis avec environ 4,000 hommes de pied qu’il tint à sa solde, et qu’il prétendit être au service du roi de France. Il paya de plus 13,000 ducats par mois aux Suisses des confédérés, entretint dans Plaisance 2,000 fantassins outre les hommes d’armes et les chevau-légers, et fit venir dans Rome, pour sa propre sûreté, les 5,000 hommes qu’il avait tirés de la Lombardie[1].

François Ier, que le seigneur de Langey avait trouvé sur les bords de la Loire, s’était hâté de le faire repartir en lui donnant ses instructions pour le pape, qu’il pressait « de se venger de la honte qui lui avait été faite[2]. » Clément VII s’indignait d’autant plus de l’outrage reçu par l’église de Rome sous son pontificat, que le danger s’éloignait davantage de lui. Après le retour de Langey, il procéda en plein consistoire contre les Colonna[3]. Le cardinal Pompeio fut rayé du sacré-collège, et toutes les terres de cette maison aussi redoutée que haïe furent confisquées. Le pape expédia aussi une bulle qui autorisait le roi à tirer de l’église de France des décimes sur lesquels 100,000 écus seraient réservés pour le saint-siège[4]. Il forma en même temps une petite armée qui, sous le commandement de Vitello et la direction du cardinal-légat Trivulzio, descendit vers le sud de l’état ecclésiastique afin de contenir ou de combattre les Colonna, qui, de leur côté, levèrent des troupes dans le royaume de Naples.

Il était ainsi remédié au grand revers causé par la prise de Rome,

  1. Franc. Guicciardino al proveditor Pesaro, 12 d’ottobre 1526. — Lettere di principe t. II, p. 16 r°.
  2. « Nous renvoyons ledit seigneur de Langey devers nostre sainct père, afin de dire a icelle sa saincteté de nostre part tout ce qu’il nous semble qu’elle doibt faire maintenant pour s’y venger de la honte qui luy a esté faicte. » François Ier aux Florentins, dr Beaugency, le 5 octobre 1526. — Négociations de la France et de la Toscane, publiées dans la collection du ministère de l’instruction publique, t. II, p. 842.
  3.  » Aujourd’hui en consistoire a esté décerné le monitoire pour procéder à la condamnation et confiscation desdits cardinal et Colonnois. » Lettre du 7 novembre 1526, de Nic. Raince au grand-maître de France, maréchal de Montmorency. — Mss. Béthune, vol. 8509, f° 93.
  4. « Sa sainteté m’a dit qu’il est très content de la somme des cent mil escus qu’il a demandés et que tout le surplus de l’argent soit et demeure es mains du roy. » Le même au même, 15 novembre. — Ibid. f° 99.