Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 62.djvu/389

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux impériaux 400,000 ducats, dont 100,000 tout de suite, 50,000 dans vingt jours, et 250,000 dans deux mois. Il fut tenu de leur donner, comme garanties pour la sûreté de ses engagemens, les forteresses d’Ostie, de Civita-Vecchia, de Civita-Castellana, ainsi que les villes de Plaisance, de Parme et de Modène. L’armée exigea de plus qu’on lui remît en otage les archevêques de Siponte et de Pise, les évêques de Pistoïa et de Vérone, et plusieurs personnages considérables de Florence et de la parenté du pape, Jacopo Salviati, Simone dei Ricasoli et Lorenzo Ridolfi[1]. Le souverain pontife dut lui-même rester prisonnier avec les treize cardinaux enfermés dans la citadelle jusqu’au paiement des 150,000 premiers ducats. Dès que l’accord fut conclu, le capitaine Alarcon, qui était arrivé à Rome avec les troupes de Naples et les Colonna, entra dans le château Saint-Ange, dont il prit possession. Il y introduisit trois compagnies d’arquebusiers espagnols et trois compagnies de lansquenets à qui furent commises la garde du château et la surveillance du pape. Malgré d’apparens respects, Alarcon retint dans une assez étroite captivité Clément VII, qui fut hors d’état de compter les sommes promises aux termes marqués, et dont les otages, au milieu d’une armée cupide et furieuse, furent exposés à d’indignes traitemens et coururent même des dangers de mort. En moins de deux ans, François Ier et Clément VII étaient tombés au pouvoir de Charles-Quint par la victoire et l’audace de ses généraux, et le capitaine Alarcon avait la singulière fortune, après avoir tenu un roi de France captif, de garder un pape prisonnier.

Mais tout était loin d’être fini pour l’empereur. Si le succès de ses armes le rendait vainqueur de la ligue et maître de l’Italie, l’horreur causée en Europe par la prise et le sac de Rome, l’indignation inspirée par l’abaissement et la captivité du souverain pontife allaient susciter contre la puissance effrayante de Charles-Quint et de nouveaux ennemis et de plus grands efforts. François Ier, Henri VIII et les Vénitiens devaient s’unir étroitement et l’attaquer avec vigueur pour le contraindre à délivrer le pape, à rendre les enfans de France, et pour abattre ou réduire sa domination dans la péninsule italienne.


MIGNET.

  1. F. Guicciardini, ibid. — Grolier, p. 111, — Sacco di Roma, da Jacopo Buonaparte, p. 232-234.