Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 62.djvu/376

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans la ligue. Elle s’engagea, le 27 avril, à fournir à la confédération 300 lances, 500 chevau-légers et 5,000 hommes de pied qui, levés à ses frais et soldés par elles serviraient partout où le demanderait l’intérêt commun[1].


VI

Deux jours auparavant, le pape lui-même était revenu à la ligue qu’il avait tant de fois quittée et reprise. Dès qu’il avait connu les nouvelles prétentions du duc de Bourbon que lui avait transmises le vice-roi de Naples, il avait soupçonné ce qu’il y avait d’artificieux dans la conduite du général de Charles-Quint et de trompeur dans ses assurances. Le 25 avril, de nouveaux articles avaient été signés en son nom et en présence des ambassadeurs du roi d’Angleterre John Russell et Gregorio Casale. « Notre très saint seigneur, était-il dit dans le préambule de ce traité, conclu presque à la veille de la prise de Rome et de la captivité du pape, voyant les ennemis abuser de sa bonté, agir en tout avec fourberie, ne méditer autre chose que l’oppression de tout le monde, ce qui est rendu manifeste par leur marche en avant, de sorte qu’il ne lui reste pas d’autre espérance que dans les armes, a résolu de renouer l’alliance avec les princes confédérés[2]. »

Le pape, qui pendant la durée de la guerre avait déboursé au-delà de 120,000 ducats par mois, exigeait une forte assistance en argent pour reprendre les hostilités et y persévérer. Il demandait que le roi de France entrât en Espagne avec une armée pour y opérer une diversion convenue depuis près d’un an sans avoir été effectuée, qu’il lui fût donné chaque mois 30,000 ducats de plus par le roi très chrétien et par la seigneurie de Venise, que le roi d’Angleterre mît à sa disposition 15,000 ducats et 3,500 hommes de pied qu’il lui avait fait offrir, que les troupes combinées de France et de Venise vinssent tout de suite le défendre dans Florence et dans Rome contre l’armée impériale, déjà parvenue sur le territoire toscan. De son côté, il devait excommunier l’empereur, délier ses sujets de leur serment de fidélité, le déclarer déchu de son droit sur Naples, dont la conquête serait entreprise par terre et par mer, et ne jamais plus traiter séparément de ses alliés. Il fit partir de Rome messer Lorenzo Toscano pour la France, sir John Russell pour l’Angleterre, avec le nouveau traité et une demande

  1. Marco Foscari, dans Alberi, etc., p. 54. — Guicciard., lib. XVIII.
  2. Vitellius, B. IX, et dans MSS. Bréquigny, vol. 92, f° 95.