il avait le désir de demeurer fidèle à la ligue conclue pour procurer l’indépendance de l’Italie, et il sentait la nécessité de soustraire l’état pontifical et l’état florentin à l’attaque redoutée des impériaux. Dépourvu de ressources, n’ayant plus le moyen de solder et de retenir ses troupes, réduit aux timides assistances des Vénitiens et aux encouragemens inefficaces de François Ier, il céda de nouveau au sentiment de la crainte qui s’emparait si facilement de son âme, et il traita avec les envoyés de Charles-Quint. La trêve fut conclue le 15 mars 1527[1]. Au lieu de 200,000 ducats, il n’en était demandé que 60,000 à Clément VII, qui n’était plus contraint de remettre les citadelles d’Ostie et Civita-Vecchia comme gages de sa fidélité. La république de Venise et le roi de France pouvaient être compris dans cet arrangement. S’ils l’acceptaient, les lansquenets sortiraient de la Haute-Italie ; s’ils n’y adhéraient pas, l’armée impériale, à laquelle seraient attribués les 60,000 ducats, se retirerait seulement des terres de l’église[2]. En abandonnant la confédération, que devaient délaisser aussi les Florentins, le pape assurait la prépondérance en Italie à l’empereur, qui serait moins attaquable au sud comme roi de Naples et l’emporterait aisément dans le nord, où son lieutenant le duc de Bourbon s’affermirait comme duc de Milan.
Ce traité, dont la conclusion devait exciter le plus vif mécontentement et le plus grand trouble à Venise et en France, il fallait le faire accepter par une armée aussi indisciplinée qu’avide, depuis longtemps sans solde et à la disposition de laquelle était mise seulement la somme modique de 60,000 ducats. Cesare Feramosca, qui venait de le conclure à Rome, se rendit en toute hâte au camp impérial pour le signifier au duc de Bourbon et faire rétrograder ses troupes[3]. L’armée était immobile entre San-Giovanni et Bologne. Elle y manquait de tout. Le duc de Bourbon, ayant épuisé les provisions qu’il avait tout d’abord reçues du duc de Ferrare, ne savait plus ni comment la faire vivre, ni comment la faire avancer. Il tombait des pluies torrentielles. Mal vêtus, peu nourris, sans souliers, sans argent, les Espagnols et les lansquenets, arrivés au comble de l’exaspération, s’étaient mutinés avec fureur, le 13 mars, l’avant-veille du jour où la trêve se signait à Rome. Les Espagnols avaient donné le signal du soulèvement. Ils
- ↑ « Si è pur nostro signore questa mattina risoluto di fermar l’accordo, il quale, a chi senza passione considerera le cose que hanno, non dico persuasa ma sfozzata sua santità farlo, non harà bisogne di giustificatione. » Le dataire Giberto au cardinal-légat Trivulzio, 15 mars 1527. — Lettere di Principi, t. II, p. 62 r°.
- ↑ Guicciard., lib. XVIII.
- ↑ Mémoire de Lannoy à l’empereur, § XXIX, dans Lanz, t. Ier, p. 701, et lettre de Feramosca à l’empereur, du 4 avril 1527. Ibid., p. 231.