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ligue, il dit au nonce Acciajuoli : « Je me persuade que le pape ne sera plus disposé à traiter avec nos ennemis[1]. » Il l’instruisit en même temps de l’union plus étroite qui se négociait et de l’alliance de famille qui se préparait entre le roi d’Angleterre et lui, afin d’attaquer ensuite de concert l’ennemi commun. « Nous sommes décidés, le roi mon frère et moi, ajouta-t-il, à faire à l’empereur une guerre dont vous vous émerveillerez bientôt. C’est pourquoi écrivez à notre saint-père le pape que, pour l’amour de Dieu, il se remette l’esprit, ne délaisse pas cette compagnie et ne songe plus ni à des trêves ni à des négociations. Maintenant qu’il a pris le dessus et que l’armée de Lombardie est si incertaine qu’elle ne sait que faire, qu’il se rassure, afin que nous puissions affermir nos pas et tourner notre pensée à lui venir en aide. À dire le vrai, ses pratiques continuelles d’accord, ses peurs, ses desseins de fuir, nous ont tenu dans l’irrésolution et nous ont toujours fait craindre de perdre notre temps et notre argent. Aujourd’hui je veux aider sa sainteté de toute manière. Je dépêche Langey avec 20,000 écus que je n’entends pas être comptés au nombre de ceux que j’ai promis. J’ai ordonné d’en envoyer 20,000 au comte Pierre de Navarre, afin qu’il mette de 5,000 à 6,000 hommes de pied sur la flotte, qu’il aille à Civita-Vecchia et fasse tout ce que lui dira notre seigneur le pape. Je vous donnerai tout de suite à vous l’assignation des 50,000 écus des décimes qui reviennent à sa sainteté, afin qu’elle puisse s’en servir. Vous pourrez tirer cette somme sur qui vous voudrez. Soyez assuré que, le mariage fait avec la princesse d’Angleterre[2], le roi son père et moi nous entreprendrons la guerre de bonne sorte. Le roi d’Angleterre et le duc de Gueldre attaqueront la Flandre ; moi, par le chemin de la Navarre, je passerai en Espagne avec 25,000 hommes de pied et 1,500 ou 2,000 lances, et, si le pape ne se trouble pas l’imagination, nous imposerons la paix à l’empereur comme nous le voudrons et nous le ferons le pape le plus glorieux qui ait jamais été[3]. » Acceptant l’offre que le secrétaire Sanga était venu lui faire de la part de Clément VII, il ajouta : « J’ai donné à M. de Langey la commission de dire au pape que je suis content de faire l’entreprise de Naples pour un de mes fils et de prendre sa nièce. Aidé de sa sainteté, je ferai l’entreprise dans un tel esprit et de telle sorte que l’empereur ne récupérera jamais plus le royaume de Naples[4]. »

  1. Lettre d’Acciajuoli, des 18 et 19 février 1527. Négociations, etc., p. 90.
  2. Ce mariage, qui se négociait alors, devait avoir lieu plus tard entre la jeune Marie et François Ier ou l’un de ses fils. François Ier dit au nonce qu’il cherche à gagner le printemps, « per fare a tempo nuovo quello sforzo di quà che io vi ho più volte detto, e per riddure a conclusione il mariaggio con Inghitterra. » Même lettre. Ibid., p. 908.
  3. « E faremlo il più glorioso papa che fusse mai. » même lettre. Ibid., p. 908.
  4. Même lettre. Ibid., p. 909.