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marche et qu’ils ne rencontraient aucun obstacle à leur jonction avec les Espagnols. Ses inquiétudes, fort grandes du côté de la Haute-Italie, n’étaient pas moins vives du côté de l’Italie inférieure. Les Colonna venaient de prendre Ceperano et Pontecorvo sur les terres méridionales de l’église, où le vice-roi de Naples avait pénétré à la tête d’une petite armée et assiégeait Frosinone. Clément VII, dont l’imagination effrayée grossissait ces périls, qui n’étaient encore ni rapprochés, ni redoutables, se hâta de traiter avec les envoyés de Charles-Quint.

Tout en faisant la guerre à l’empereur, il n’avait pas cessé, à l’exemple même de François Ier, d’être en négociation avec lui. Il avait envoyé en Espagne messer Paolo d’Arezzo, chargé d’y proposer un arrangement convenable des affaires d’Italie et d’y demander la délivrance des enfans de François Ier moyennant une rançon. L’empereur de son côté avait dépêché en Italie le général des franciscains et son grand-écuyer Cesare Feramosca pour négocier avec le pape et arriver à une commune pacification. Jusque-là rien n’avait pu se conclure, les vues étant de part et d’autre trop opposées ; mais alors, dans la précipitation de son épouvante, Clément VII accéda à tout ce que voulait Charles-Quint. Par l’accord qui lui était imposé, les clauses du traité de Madrid restaient les mêmes, le rétablissement de Francesco Sforza n’était point exigé, et le pape, tenu avec les Florentins de donner 200,000 ducats pour renvoyer les lansquenets d’Italie, devait remettre comme gages de sa fidélité Parme, Plaisance et Civita-Vecchia[1]. Le consistoire des cardinaux auxquels fut communiqué le projet de convention, que le péril était loin d’autoriser encore et que repoussait la dignité du saint-siège, se déclara contre l’adoption, et dit qu’il fallait vendre les vases des églises plutôt que de s’y soumettre[2]. Malgré l’avis des cardinaux, Clément VII l’accepta et conclut le 31 janvier 1527 une trêve de huit jours pour présenter ce traité aux Vénitiens, qui le rejetèrent avec mépris et en envoyèrent aussitôt les articles à la cour de France.

En recevant le 15 février cette alarmante nouvelle, François Ier fut extrêmement irrité. Il assembla le lendemain 16 les seigneurs du conseil à Saint-Germain, où il fit venir le nonce Acciajuoli. — « Monsieur l’ambassadeur, lui dit-il, le pape a fait un accord avec

  1. Articles envoyés par le pape à Venise, et de Venise au roi de France. — Lettre d’Acciajuoli, du 17 fév. 1527. Négociations entre la France et la Toscane, t. II, p. 900. — § XIII du Mémoire de Lannoy à l’empereur, envoyé de Sienne le 17 mai 1527 par son secrétaire Durant. — Lanz, t. Ier, p. 696-697.
  2. Les cardinaux votèrent que le pape ne saurait accepter ces articles, et qu’il fallait « plustost vendre et engaiger croix, calices et reliquaires et jusques à vendre et engaiger leurs propres personnes que de consentir à telle iniquité. » Nic. Raince au roi. Lettre du 30 janvier 1527. Mss. Béthune, v. 8509, f° 131.