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avec difficulté mes enfans. Si l’église apostolique se remettait à sa discrétion, ce serait un pire malheur. Mon devoir m’oblige à la soutenir et à faire toute la diligence nécessaire pour la conserver. Je ne veux pas y manquer, et je suis prêt à faire tout ce qu’il faut[1]. » Il avait annoncé le prochain envoi de 30,000 écus des décimes, outre 60,000 écus que le pape recevrait de la main à la main, et 20,000 autres écus qui suivraient de près les 20,000 déjà transmis à Renzo da Ceri pour faire par les Abruzzes et conjointement avec la flotte, déjà prête à attaquer par les côtes le royaume de Naples, une entreprise sur ce royaume convenue avec Clément VII. François Ier assurait en même temps que l’ordre avait été donné de lever 10,000 Suisses dans les cantons, et que les gentilshommes de sa maison étaient déjà partis pour aller l’attendre à Lyon[2]. Il faisait prévenir le pape que le roi d’Angleterre lui adresserait, s’il restait fidèle à la ligue, une forte somme d’argent par sir John Russell[3], et l’engageait à se montrer calme et à tenir ferme.

Ce prince spirituel parlait à merveille et agissait moins bien. Il avait un prompt coup d’œil, mais il manquait d’application. Il s’occupait un moment et avec beaucoup d’intelligence des plus importantes affaires, puis il se dérobait pendant huit jours pour aller s’amuser dans une de ses maisons de plaisance, ou prendre avec fureur son plaisir favori de la chasse. Il évitait la peine, recherchait les distractions, promettait beaucoup, tenait moins, exagérait avec vanité ses forces, multipliait sans hésitation ses engagemens, et semblait croire que tout ce qu’il avait dit était comme fait. « Les choses agréables, écrivait le nonce au dataire Giberto et à Jacobo Salviati, parent de Clément VII, effacent de son esprit les pensées plus graves, de sorte que le plus souvent les paroles restent à nous, et les effets vont aux plaisirs[4]. »

A peine se terminaient ces entretiens sur les besoins de l’Italie et du pape, que François Ier allait chasser pendant quinze jours en Champagne, emmenant avec lui les principaux seigneurs de sa cour et de son conseil[5]. Presque rien de ce qu’il annonçait ne s’exécutait. Clément VII, ne recevant pas les sommes qui avaient été promises et réduit à ses propres forces, tombait dans un extrême découragement. Il était très alarmé en apprenant que les lansquenets descendus en Lombardie n’avaient pas été arrêtés dans leur

  1. Lettre d’Acciajuoli du 22 janvier 1527, Négociations, etc., p. 892.
  2. Lettres d’Acciajuoli des 29 déc. 1526 et 5 janvier 1527, ibid., p. 877 et 883-884.
  3. Lettre du même du 10 janvier 1527. Ibid, p. 886-887.
  4. « E versa tutto in quelli piaceri più vicini e più facili agoderli… Adeo che il più delle volte le parole restono a noi o li effetti alli altri piaceri. » Lettre du 22 janvier 1527. Ibid., p. 893.
  5. Ibid., p. 893.