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tous pays, véritables juges en cette question, s’empressèrent d’en proclamer la supériorité. C’est aujourd’hui le seul procédé qui soit admis par les nations maritimes pour l’éclairage des grands phares.

Les personnes qui ont eu occasion de visiter la lanterne d’un phare auront remarqué cet assemblage, un peu confus et compliqué en apparence, très simple en réalité, de lentilles et d’anneaux en verre qui enveloppent de toutes parts la lampe d’où émanent les rayons de lumière. Les dispositions en sont variables suivant que l’on veut produire soit un feu fixe, soit un feu à éclipses avec des éclats espacés de minute en minute, ou de 30 en 30 secondes. Veut-on un phare à éclipses, le tambour qui entoure le foyer lumineux est composé de huit ou de seize lentilles qui tournent d’un mouvement lent et projettent chacune vers l’horizon un faisceau de lumière éclatante. Veut-on un feu fixe, les lentilles sont remplacées par des anneaux qui ramènent toute la lumière qu’ils reçoivent dans un plan parallèle à l’horizon maritime. Quel que soit d’ailleurs le système particulier du phare que l’on visite, on trouvera toujours au-dessus de ce tambour circulaire une coupole qui recouvre l’appareil comme un dôme et qui est composée de prismes en verre assez semblables aux feuilles d’une jalousie. Ceux-ci ont pour objet de recueillir la lumière qui s’échapperait vers les espaces célestes et de la réunir à celle qui sort du tambour circulaire. Au-dessous de ce tambour, on verra aussi une autre série de prismes qui produisent le même effet sur les rayons lumineux que la lampe envoie vers le sol. Ainsi toute fraction de lumière qui se fût dirigée vers les hauteurs de l’atmosphère ou vers la terre, sans utilité pour la navigation, est ramenée par des dispositions ingénieuses dans la direction précise où le marin peut l’apercevoir. La déperdition de lumière n’est pas tout à fait nulle, mais elle est aussi faible que possible[1]. Au reste, le peu de rayons égarés qui se répandent en lumière diffuse autour du phare ne sont pas inutiles, car il est bon pour la surveillance du service qu’on puisse vérifier sans aller en mer que le phare est allumé et que son feu brille d’une lumière égale et régulière. Il est bon aussi que le marin, lorsqu’il est très rapproché d’un phare à éclipses, n’en voie pas la lumière s’évanouir en entier après des éclats intermittens, car il courrait risque de s’égarer en une mauvaise direction pendant cette obscurité factice. C’est seulement pour l’observateur qui en est très éloigné que l’éclipse devient totale.

Au point de vue de l’intensité de la lumière, les résultats obtenus

  1. On ne peut donner ici qu’un aperçu sommaire du système ; mais il n’est pas superflu d’observer qu’il y a dans l’exécution une foule de détails d’une délicatesse infinie. Tout y est prévu et calculé a l’avance. L’ampleur et la durée de l’apparition du faisceau lumineux sont surtout l’objet d’une étude approfondie.