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peu près le cabinet dont il est le chef. Le ministre des affaires indiennes, sir Charles Wood, ayant, lui aussi, donné sa démission pour des raisons de santé qui malheureusement paraissent être sérieuses, a été remplacé par le comte de Grey et Ripon, qui était ministre de la guerre, et à qui l’on a donné pour successeur le fils aîné du duc de Devonshire, le jeune marquis de Hartington (il est né en 1833), qui depuis trois ans était sous-secrétaire d’état de la guerre. M. Monsell, le député de Limerick en Irlande, est devenu vice-président du bureau du commerce en remplacement de M. Hutt, qui s’est retiré ; M. Stansfeld, député de Halifax, a été fait sous-secrétaire des affaires indiennes en remplacement de lord Dufferin, qui s’est retiré aussi ; M. Forster remplace M. Chichester Fortescue dans le poste de sous-secrétaire des colonies, et enfin M. Göschen, député de la Cité de Londres, a été nommé, avec voix délibérative dans le conseil des ministres proprement dit, chancelier du comté de Lancastre à la place de lord Clarendon, passé au ministère des affaires étrangères par suite de l’élévation du comte Russell au poste de premier lord de la trésorerie ou premier ministre.

Ces nominations ont été faites pour renforcer le banc des ministres à la chambre des communes, et elles révèlent les trois dernières surtout, le programme politique du comte Russell. M. Stansfeld, que de brillans débuts dans la chambre avaient fait choisir par lord Palmerston pour être l’un des lords de l’amirauté, est le même qui, par suite de ses relations avec Mazzini et de la compromission de celui-ci dans le procès de Greco, se crut obligé de donner sa démission. Les Anglais n’ont jamais voulu admettre, seulement comme hypothèse que M. Stansfeld ait pu avoir une part quelconque de responsabilité dans cette déplorable affaire, et sa rentrée dans les rangs de l’administration est regardée presque comme une sorte de satisfaction donnée à l’opinion publique. Né en 1820, M. Stansfeld a été, comme nous dirions en France, inscrit sur le tableau des avocats ; ce n’est pas seulement un libéral ardent, c’est presqu’un radical, et dans la question de la réforme électorale il donne la main à M. Bright. — M. Forster, député de la ville industrielle de Bradford, est entré au parlement en 1861. Il est le fils d’un ministre de la Société des Amis (les quakers) et par sa mère le neveu de sir Thomas Fowell Buxton, l’un des apôtres de l’émancipation des noirs. Avant son entrée dans la carrière politique, M. Forster était filateur de laine à Bradford. Lui aussi, il est l’un des réformistes les plus décidés, il a même voté pour le scrutin secret, Toutefois le plus considérable de ces trois personnages, quoique, était né en 1831, il soit le plus jeune, est M. Göschen. Avant d’entrer à la chambre