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du ministère ou du parlement. Elles furent compensées jusqu’à un certain point par le développement que la nécessité de trouver du coton à tout prix fit prendre au commerce de l’Inde ; mais là encore il y avait de sérieuses difficultés à résoudre. On était presque au lendemain de la redoutable insurrection qui avait mis en péril la suprématie de l’Angleterre, on n’avait liquidé qu’au prix de grands sacrifices les désastres qu’elle avait causés, car même pour l’exercice 1859 le déficit, jusque-là périodique, des finances indiennes ne s’était pas élevé à moins de 14 millions de livres sterling ou 350 millions de francs. Le déficit reparaît en 1865 pour une vingtaine de millions de francs, mais dans l’intervalle les budgets de l’Inde n’avaient pas seulement été mis en équilibre ; au grand étonnement et à la grande satisfaction du public, ils s’étaient encore soldés par des excédans de recettes qui avaient permis de réduire le chiffre de la dette indienne d’une somme de 225 millions de francs. En même temps des mesures judicieuses avaient appelé dans l’Inde les capitaux anglais jusqu’à concurrence de plusieurs milliards pour y exécuter les travaux d’irrigation, pour y construire les chemins de fer et les moyens de communication qui manquent à ce territoire. Aujourd’hui Calcutta et Delhi sont unis par un chemin de fer qui sur un parcours de plus de trois cents lieues dessert la plaine du Bengale, les villes importantes de Bénarès, d’Allahabad, et le territoire si fertile du Douab[1]. Une chance favorable cependant était venue se joindre aux résultats de l’administration financière de M. Gladstone, c’était le traité de commerce avec la France, qui fut d’un grand secours pour aider à surmonter la crise occasionnée par la guerre américaine, car il n’eut pas seulement pour résultat de porter à plus de 60 millions de livres sterling la moyenne des échanges entre les deux pays pendant les trois premières années qui suivirent la signature de ce traité[2], mais il eut encore l’heureux effet d’entraîner d’autres états de l’Europe à conclure des traités semblables.

Les actes purement relatifs à l’administration intérieure furent moins éclatans, et surtout ils échappent plus facilement à l’appréciation des étrangers ; mais ils furent tous inspirés par la sympathie la plus sérieuse pour les classes populaires. Les lois des pauvres,

  1. Dans un avenir prochain, les communications seront établies entre Calcutta et Madras, Calcutta et Bombay, à travers les districts qui fournissent les plus beaux cotons de l’Inde, mais qui jusque-là ne pouvaient exporter leurs produits, le prix de transport du lieu de production jusqu’au port d’embarquement étant supérieur dans beaucoup de cas à la valeur vénale de la marchandise, étant toujours, — au-delà d’un très faible rayon, — très supérieur au prix du fret qu’elle avait à supporter pour Être envoyée de Madras ou de Bombay à Liverpool par le cap de Bonne-Espérance.
  2. Cette moyenne n’avait été que de 24 millions de livres sterling pendant les trois années précédentes.