de la contre-guérilla, détaché pour le service du recrutement. De nouveaux renforts d’ailleurs, et nous en avions besoin, nous étaient expédiés des trois provinces d’Algérie par ordre du ministre de la guerre. Une colonne de trois cents hommes, Africains éprouvés, venait de débarquer à Tampico. La contre-guérilla, qui allait compter près de mille combattans, n’eut pas le temps de s’endormir dans les minces délices de Capoue.
Pedro Mendez, un des chefs de guérillas qui, comme on se le rappelle, avait harcelé nos régimens enfermés dans Tampico, et qui plus tard avait vu sa bande réduite à une quinzaine de malfaiteurs, tenait garnison dans la ville de San-Carlos. Par suite de l’éparpillement en guérillas des quinze cents Mexicains révoltés contre l’autorité de Cortina à l’heure de sa capitulation, il s’était subitement entouré de quatre cents partisans. Les gendarmes déserteurs s’étaient à leur tour ralliés à son drapeau, qui portait pour seule devise « guerre aux Français ! » Le général Carbajal, oublieux de sa dignité, mais résolu à se servir de tous les instrumens pour renverser l’empire, s’était aussi réfugié à San-Carlos, d’où, sans paraître, il donnait le mot d’ordre au bandit Mendez. On devait désormais tout craindre de Carbajal, car son cousin La Serna avait consenti à lui transmettre de la part du colonel Du Pin une lettre dans laquelle ce dernier l’adjurait au nom de son pays, lui Carbajal, vieux soldat éprouvé, de se rallier, d’apporter toute son activité au service d’une cause qui pouvait être libérale, et la preuve qu’on lui donnait de la loyauté de ces intentions, c’était de lui offrir un commandement. Le général Carbajal avait repoussé ces propositions en exprimant combien il était sensible à pareille offre venant des Français ; mais il annonçait qu’il ne déposerait pas les armes qu’il n’eût vu flotter sur Vittoria la bannière de l’indépendance. — Pedro Mendez, ranchero du Tamaulipas, lâche et hardi tout à la fois, est de taille peu élevée. Cet homme, d’une figure un peu efféminée, est renommé pour la petitesse de son pied, avantage auquel les Mexicains et surtout les Mexicaines attachent un très haut prix. Infatigable cavalier, toujours en selle, il passe sa vie nomade au plus épais de la broussaille. Fuyard aujourd’hui, demain prompt à l’attaque sans jamais se jeter de sa personne dans la mêlée, c’est le partisan insaisissable, quoiqu’il soit facile à reconnaître aux lunettes vertes qu’il porte toujours en marche et à son costume invariable : sombrero, veste de peluche noire, revolvers à la ceinture, culotte blanche et petites bottes à éperons ciselés. Marié à une charmante Mexicaine qu’il aime avec passion, malgré les pleurs de sa femme, qui gémit sur son genre d’existence chaque fois qu’il va la retrouver secrètement, il ne vit que pour le pillage. Quand il se