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Elle fait la police des opinions, persécute les unionistes, expulse les ennemis de l’esclavage, supprime, arrête, brûle les journaux et les livres qui viennent du nord, et exerce au profit de l’esclavage une insupportable tyrannie.

Telles sont les influences qui doivent tomber avec l’esclavage. Il y a en revanche dans les états du sud une classe nouvelle qui depuis vingt ans grandit en silence, c’est celle des petits blancs émancipés et enrichis par leur travail, devenus eux-mêmes propriétaires, mais cultivant le sol de leurs mains : ils ont fait longtemps la guerre à l’aristocratie sécessioniste et ne l’ont suivie qu’à regret dans cette révolte. C’est dans cette classe, comme dans celle des fermiers-laboureurs des états du nord, qu’est l’avenir de la liberté américaine, le salut de l’union fédérale. Laborieuse, indépendante, ne demandant qu’à être éclairée, recrutée sans cesse dans les états du nord, c’est à elle, qu’il est réservé de fonder sur les ruines de l’esclavage la nouvelle société du sud.


2 février.

Si jamais j’ai regretté de quitter une ville, c’est ce soir en prenant congé de ceux qui m’ont si bien reçu à Baltimore. J’ai surtout à me louer de MM. Eaton et Morris, deux des hommes les plus considérés de la ville, excellens l’un et l’autre et parfaitement distingués. Ils sont tous les deux unionistes, quoique de nuances diverses et vus très différemment dans la société sudiste du pays. M. Eaton est un républicain, net et franc dans ses opinions, sans si et sans mais, voyant d’un œil juste et ferme, quoique modéré, les devoirs et les nécessités du moment. Il a soutenu M. Lincoln dans la dernière campagne électorale, il s’applaudit de la destruction radicale de l’esclavage, et, tout en le respectant malgré elle, la coterie sécessioniste de la ville le met à l’index comme un suppôt des Yankees, M. Morris est moins décidé, moins ferme dans sa politique. Ancien propriétaire d’esclaves, démocrate et mac-clellanite, gendre du sénateur sécessioniste Reverdy Johnson, beau-frère du député radical Winter Davis, mais tiraillé par d’autres amitiés et parentés sudistes, — c’est un de ces hommes qui regrettent plus qu’ils ne condamnent, et ne prennent qu’à contre-cœur le parti inévitable de la guerre, de l’émancipation et de la conquête. Son credo, c’est l’Union avant tout, l’intégrité de la nationalité américaine et son rétablissement à tout prix, mais non sans gémissemens de sympathie et de tendresse pour les chevaleresques aristocrates du sud. Il a soutenu la candidature de Mac-Clellan de concert avec les sécessionistes déclarés, mais dans l’espoir et avec la conviction que son candidat aurait à la fois la main plus douce et plus ferme, et qu’il ferait à la