des destinées de son pays. Que fera-t-il de la grande occasion et du grand rôle qui s’offrent à lui de nouveau ? L’expérience passée lui signale les écueils qu’il doit éviter. La précédente administration du duc de Tétouan a succombé par la négligence obstinée qu’elle a montrée vis-à-vis des questions financières et par la prodigalité aventureuse avec laquelle elle s’est engagée dans toute sorte d’entreprises guerrières inopportunes et stériles. Le ministère actuel se trouve justement aux prises avec des embarras financiers aggravés et de semblables hasards de politique extérieure. La détresse financière de l’Espagne s’est accrue, et l’Espagne est brouillée avec les deux plus importantes républiques de l’Amérique méridionale. Le gouvernement ferait bien d’aller au plus pressé et de finir ses différends avec le Chili et le Pérou. Sans doute les derniers accidens de la question chilienne sont pour l’Espagne de pénibles contre-temps. La prise de la Cavondoga, le tragique suicide de l’amiral Pareja, ont envenimé une triste querelle. Cependant la France et l’Angleterre ont offert leurs bons offices avec le désir très sincère d’amener une conciliation honorable entre l’Espagne et le Chili. Le maréchal O’Donnell montrerait une véritable sagesse, il préviendrait les désordres où de nouvelles et ruineuses dépenses de guerre conduiraient son pays, s’il savait tirer parti de ces bons offices de la France et de l’Angleterre.
En Italie, l’affaire brûlante est toujours la question financière. Le nouveau ministre des finances, M. Scialoja, s’est mis à l’œuvre avec courage et résolution. Des étrangers tels que nous sont plus à même de juger de l’énergie de ses efforts que de la justesse de ses mesures. M. Scialoja a opéré sur le budget des dépenses des économies telles que ce budget peut désormais être considéré comme irréductible. Il n’y a plus à cette heure rien à demander aux économies pour arriver à un équilibre approximatif qui soit une garantie suffisante de la solvabilité financière de l’Italie. C’est du côté des créations de ressources qu’il faut se tourner, c’est maintenant aux contribuables et à leurs représentans parlementaires de remplir leur devoir. Les projets de M. Scialoja paraissent être un peu rudes pour la propriété foncière. L’impôt foncier est fixé ; une taxe de 10 pour 100 est proposée sur les revenus, et comme la plus grande partie des revenus en Italie provient de l’industrie agricole, ce sont encore les propriétaires qui seront le plus lourdement atteints ; enfin il s’agit d’établir des taxes de consommation sur le vin et les principaux produits agricoles. La propriété se trouverait donc frappée sous toutes les formes par l’impôt direct comme par l’impôt indirect. Même en supposant le succès de ces créations de taxes, il resterait encore un déficit que l’on pourrait couvrir à l’aide d’opérations financières et par la progression du revenu. Nous ne savons si la chambre italienne adoptera le système de M. Scialoja : il serait à souhaiter cependant que le parlement s’arrêtât le plus tôt possible à une combinaison positive, fût-elle rigoureuse, et ne recourût point trop souvent, en matière de finances, à l’expédient des crises ministérielles. Il