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du congrès est digne de remarque ; voilà un trait par lequel il serait à souhaiter que l’assimilation indiquée par l’empereur fût vérifiée. Ce qui frappe aux États-Unis, c’est la multiplicité et l’intérêt des informations officielles que l’exécutif fournit, spontanément au congrès, ou que le congrès obtient par le vote de simples résolutions. Notre corps législatif, pour bien connaître l’état des choses au Mexique, a tout à demander. S’il avait des attributions égales à celles du congrès américain, il aurait à voter bien des résolutions. Il devrait demander un état des farces occupées au Mexique, un état des mouvemens de troupes durant l’année, un état de la mortalité, des soldats, un état des dépenses de l’expédition. L’objet de notre entreprise ayant été le redressement des griefs de nos nationaux contre l’ancienne république mexicaine et la réclamation des indemnités qui leur étaient dues, le corps législatif devrait être tenu au courant de cette affaire des indemnités : il devrait savoir quelles sont les indemnités reconnues, et sur celles-ci quelles sont celles qui ont déjà été payées et celles qui demeurent en souffrance. Quand il n’y aurait ici qu’un intérêt de curiosité, il y aurait lieu de le satisfaire : quelle curiosité plus naturelle, plus légitime, plus patriotique, que de vouloir connaître tous les détails d’une vaste affaire où les ressources et l’honneur de la France sont engagés à un degré si considérable ? Mais ce n’est pas à la curiosité, c’est à l’appréciation, à la délibération, à la détermination d’un grand intérêt du pays que les informations sont dues.

Qu’on y réfléchisse en effet : il doit ressortir de la connaissance complète de la situation du Mexique la démonstration que la France peut et doit mettre fin aux sacrifices que cette entreprise lui a imposés. Quel avantage y a-t-il à laisser dans l’ombre les élémens essentiels et positifs d’une démonstration semblable, qui, maintient intacte la liberté d’action de la France et lui conserve tout l’honneur de son initiative au moment même où le résultat auquel nous conduit l’appréciation indépendante de notre intérêt nous est demandé par une puissance étrangère ? Pourquoi donner place à de fausses apparences par une affectation de mystère incompréhensible ? Les points principaux de la politique française à l’égard du Mexique sont très faciles à résumer. Il résulte de toutes les déclarations officielles que nous n’avons entendu exercer contre le Mexique que le droit de la guerre, afin d’obtenir des satisfactions qui nous étaient refusées et qui nous étaient dues. Ce droit de la guerre, nous n’avons pas voulu le pousser jusqu’au droit de conquête ; nous n’entendons posséder et exploiter pour nous-mêmes aucune portion du territoire mexicain. Nous professons en outre que nous n’avons point voulu intervenir entre les partis qui divisaient le Mexique : parmi ces partis, il en est un qui a été renversé par les accidens même de la guerre qu’il a soutenue contre nous ; il en est un autre, le parti monarchique, dont ces accidens ont relevé les chances. Nous n’avons pas voulu décourager le parti monarchique, nous avons traité avec le gouvernement qu’il a formé, nous avons donné à ce gouvernement le concours de