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troupes espagnoles, demanda en toute hâte à l’empereur 300,000 ducats pour les payer, le supplia d’envoyer avec ses galères et ses gros navires cinq ou six mille hommes de renfort auxquels serait donnée la destination la plus utile dès qu’ils arriveraient à Monaco. Il le conjura en même temps de faire au plus tôt la paix avec le roi de France, sans exiger la Bourgogne, afin que le roi de France lui abandonnât toute l’Italie, qu’il pourrait ainsi mettre à la raison. Il ajouta, en insistant beaucoup sur la nécessité de cette paix à des conditions qui la rendissent possible, que c’était également l’avis d’Antonio de Leyva, de l’abbé de Najera et de ses meilleurs serviteurs. « Si votre majesté ne se hâte point de la conclure, lui écrivit-il avec une franchise hardie, elle s’en repentira, et elle gémira de ne l’avoir pas fait lorsque ses affaires n’auront plus de remède… Il n’y a personne ici qui ne redoute la grandeur de votre majesté ; il n’y a personne ici qui n’abhorre le joug de cette armée : votre majesté n’a pas d’amis en Italie, où le duc de Ferrare et le marquis de Mantoue lui sont aussi contraires que les ducs de Milan et de Gênes, où Lucques est plus française que Paris et où Sienne le sera bientôt autant, et votre majesté y a peu de serviteurs qui ne soient fatigués et découragés[1]. »

La connaissance des trames qui s’ourdissaient contre lui et la crainte des périls dont il était menacé devaient-elles décider Charles-Quint à se relâcher de ses prétentions, à conclure promptement une paix prudente avec François 1er ? C’est ce qu’on verra bientôt.


MIGNET.

  1. « Que V. Mad acuerde luego sus cosas con el rey de Francia que, sy no ha mudado voluntad se dara todo lo de Italya, y myre V. Mad que sy no lo haze le costara muy caro y lo que agora le ruegan, rogando no lo hallara, y no cure V. M. de Borgogna ny de otra cosa de traer y tener el rey de Francia con sigo hasta dar cabo en esto de Italku con su voluntad y ayuda…. Sy no lo haze se arapentira dcllo y se dolera en tiempo que no tornan remodio las cosas…. Nynguno hay que no tema la grandeza de V. M., nynguno hay que no aboreza el jugo deste exercito…. Concurren el duque de Ferrara, el de Mylan es principal en ello, y el de Genova no es mas ny tiene mas voluntad del papa, Florentines del dependen y Mantua tambien, Luca es mas francesa que Paris, y Syena lo sera…. Nynguno ay amigo y muy pocos les servidores que no esten cansados y desconfyados. « Ibid. — Pescara redit les mêmes choses à Charles-Quint, insiste sur les mêmes dangers, recommande les plus grandes précautions et renouvelle principalement le conseil de s’entendre au plus tôt avec le roi de France en n’exigeant pas de lui la cession de la Bourgogne, dans les lettres du 12 et du 20 août et dans celle du 8 septembre. — Archives impériales et royales de Vienne.