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blée dont firent partie, avec le prévôt des marchands, les quatre échevins et les vingt-quatre conseillers, plusieurs notables habitans, extraordinairement élus dans chaque quartier. Cette assemblée de l’Hôtel-de-Ville fut surtout chargée de l’exécution des mesures prises par l’assemblée supérieure siégeant au Palais-de-Justice.

Dans la province la plus voisine de Paris, et par cela même la plus importante de France, il y eut une entente semblable. L’archevêque, le chapitre, le bailli et les notables de Rouen, l’évêque de Lisieux et les principaux personnages de la Normandie, convoqués par le parlement, se réunirent en conseil au Palais-de-Justice. D’accord avec le grand-sénéchal de Normandie, ils pourvurent à la sûreté de Rouen et à la défense des villes frontières du duché. Ils envoyèrent ensuite des députés vers le parlement de Paris, comme étant « la première cour instituée et la cour capitale du royaume, » et lui offrirent, dans l’intérêt public, leur service et leur obéissance[1].

Celui que la trahison du connétable avait fait le chef de la maison de Bourbon, et que la mort du duc d’Alençon allait rendre le premier prince du sang, le duc de Vendôme, vint montrer sa fidélité aux Parisiens et les louer de la leur. Après avoir mis en état de défense les villes de son gouvernement de Picardie et surtout celles de Montreuil, de Boulogne, de Thérouanne, qui faisaient face aux possessions continentales des Anglais, ou qui se trouvaient placées au débouché des Pays-Bas, il traversa Paris en retournant à Lyon. Il se présenta à l’assemblée de l’Hôtel-de-Ville, qu’il félicita des loyaux sentimens dont elle avait été animée : « Si, dit-il aux représentans de la patriotique cité, si vous avez été par ci-devant bons serviteurs du roi, continuez à l’être ; restez unis et soyez exemple aux autres du royaume, car par vous tout se réglera. Je suis ici venu pour soutenir les affaires et la chose publique. Je m’en vais en cour devers Madame, et là je ferai rapport de la bonne volonté que vous avez eue envers le roi et avez de présent plus que jamais. Je m’emploierai afin qu’elle vous écrive de ce qui sera avisé pour le bien de la ville[2]. »

Tandis que sur les divers points de la France on s’unissait pour se défendre, la régente pourvoyait avec une activité habile à la sécurité générale. Elle avait recueilli autour de Lyon les débris de l’armée fugitive. Elle ménagea si bien les finances qu’elle put bientôt donner un quartier de leurs gages aux gentilshommes de la maison du roi, aux archers de ses gardes et aux gens d’armes de

  1. Captivité de François Ier, p. 138-139.
  2. « Extraict de ce qui a esté advisé et conclud ès assemblées tenues en l’Ostel de Ville de Paris. » — Bibliothèque de l’École des Chartes, t. V, p. 550, 551.