ports rapides et peu coûteux. À l’époque où le plus ancien chemin de fer de ce pays, celui de Strasbourg à Bâle, fut exécuté, les ingénieurs ne prévoyaient pas l’importance que les stations intermédiaires devaient acquérir et n’avaient songé qu’à réunir les points extrêmes par le tracé le plus court et le plus facile. S’éloignant du pied des Vosges, où se trouvent groupées les villes industrielles et commerçantes, ils s’étaient tenus au milieu des plaines plates et unies des bords du Rhin, qui sont purement agricoles. La voie ferrée circule au milieu de villages d’une faible importance, tandis qu’il y a au contraire dans la région déshéritée une population agglomérée, active et industrieuse, des villes de quatre ou cinq mille âmes comme Barr, Obernai et Wasselonne, qui fabriquent des tissus de laine et de coton, comme Mutzig et Molsheim, qui ont des manufactures d’armes ; il y a des établissemens de bains et des sites pittoresques qui attirent les touristes pendant la belle saison, enfin des richesses naturelles en vins et en bois. D’autres parties du département, éloignées aussi des voies ferrées existantes, renferment des élémens de richesse d’une égale importance. Plusieurs projets de chemins de fer, tracés en vue de desservir ces riches contrées, avaient été déjà mis en discussion, mais les grandes compagnies n’avaient pas osé les entreprendre dans les conditions ordinaires. Quelques personnes avaient bien songé à établir sur les accotemens des routes des lignes de rails où l’on aurait fait circuler des wagons traînés par des chevaux ; après mûr examen, on avait conclu que ce procédé, assez coûteux d’ailleurs, ne satisferait que d’une façon imparfaite et provisoire aux besoins reconnus. Les routes, n’ayant pas été tracées en prévision de ce nouvel emploi, présentaient trop peu de largeur en certains endroits, une déclivité trop forte en d’autres. En général, tous les systèmes secondaires de chemins de fer qui ont été conçus pour réaliser des économies considérables sur le système ordinaire, soit en ce qui concerne les frais d’établissement, soit en ce qui concerne la traction, ne conviennent, disait-on, que dans des cas particuliers très restreints. Les uns, établis sur les routes ordinaires avec traction de chevaux, ainsi qu’on en voit plusieurs exemples aux environs de Paris, ne sont utilisés que pour les voyageurs. D’autres, construite pour le service particulier des usines, avec une largeur moindre et un matériel spécial, ne transportent qu’une seule nature de produits. Ces systèmes bâtards n’eussent point paru suffisans pour desservir une contrée étendue et transporter avec célérité les personnes et les marchandises.
D’un autre côté, les lignes de chemins de fer construites suivant le type habituel du réseau français coûtent, on le sait, un prix considérable. Le prix de revient par kilomètre est en moyenne,