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comme les glaciers les plus crevassés de la Suisse ; ces bancs étaient interrompus par des flaques d’eau qu’il fallait traverser sur les deux embarcations. Le lendemain, à cinq heures, après sept heures de marche, on n’avait gagné que 4,620 mètres vers le nord. À midi, la latitude était de 81° 15′. Le soleil ne se couchant pas, on marchait aussi la nuit, et la troupe se remit en route à neuf heures et demie du soir. Les bancs de glace, toujours peu étendus, étaient séparés par des intervalles de mer libre qui forçaient de mettre à chaque instant les embarcations à l’eau et de les haler de nouveau sur la glace. Dans la matinée du 26, une pluie abondante força les explorateurs de s’arrêter et de se réfugier dans les chaloupes, où les marins étaient abrités par une tente goudronnée. Après cette pluie, la surface de la banquise se montra parsemée d’un grand nombre de flaques et de mares d’eau qui ajoutaient à la difficulté de la marche. La glace elle-même était couverte de grands cristaux ayant environ 2 décimètres de long sur 2 centimètres de large ; ils étaient serrés perpendiculairement les uns contre les autres et formaient une espèce de carrelage naturel ; ces cristaux sont particuliers aux régions arctiques, je les ai observés aussi au Spitzberg, à Belsound et à Magdalena-Bay, sur des surfaces horizontales où l’eau imbibe lentement la neige qui recouvre le sol. Ils ne sont pas très réguliers et rappellent plutôt les formes prismatiques, résultat du retrait par refroidissement qu’on observe sur les basaltes, ou celles que présente l’argile lorsqu’elle se fendille en se desséchant.

Le soir, un nouveau contre-temps devait encore arrêter les hardis pionniers. Le vent, qui soufflait du nord, entraînait les glaces vers le sud : il leur avait imprimé une telle impulsion, qu’il eût été dangereux de lancer les embarcations à l’eau. Parry résolut de s’arrêter. Le thermomètre était à zéro, et l’on aperçut plusieurs oiseaux, comme des mouettes, des guillemots et des goélands[1]. Une brume épaisse ne permettait pas de distinguer les objets à quelques mètres autour de soi. Le vent revenant au sud, l’équipage se remit en route ; mais il se retrouva le 28 juin sur un champ de glace tellement hérissé de bosses et de saillies, qu’on n’avançait qu’avec beaucoup de peine et de lenteur, car il fallait hisser les embarcations au sommet de ces monticules de glace, puis les faire glisser sur la pente opposée. Pour la première fois on vit briller le soleil, mais les officiers constatèrent avec chagrin que la latitude était seulement de 81° 23′ : en quatre jours, ils n’avaient donc gagné que 14 kilomètres dans la direction du nord.

Le 30 juin, une neige épaisse obscurcit le ciel, et on rencontra des monticules tellement escarpés qu’on dut frayer un passage aux

  1. Larus tridactylus, L. eburneus.