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L'ITALIE
ET LA VIE ITALIENNE
SOUVENIRS DE VOYAGE

VII.
FLORENCE, LE MOYEN ÂGE, LE XVe SIÈCLE ET LA RENAISSANCE[1].


8 avril 1864. La ville.

Une ville complète par elle-même, ayant ses arts et ses bâtimens, animée et non trop peuplée, capitale et non trop grande, belle et gaie, voilà la première idée sur Florence. — Les pieds avancent sans qu’on y songe sur les grandes dalles, dont toutes les rues sont pavées. Du palais Strozzi à la place Santa-Trinità, la foule bourdonne, incessamment renouvelée. En cent endroits, on voit reparaître les signes de la vie intelligente et agréable : des cafés presque brillans, des boutiques d’estampes, des magasins d’albâtre, de pierre dure, de mosaïques, des librairies, un riche cabinet littéraire, une dizaine de théâtres. Sans doute l’ancienne cité du XVe siècle subsiste toujours et fait le corps de la ville, mais elle n’est pas moisie comme à Sienne, reléguée dans un coin comme à Pise, salie comme à Rome, enveloppée dans les toiles d’araignée du moyen âge, ou recouverte par la vie moderne comme par une incrustation parasite. Le passé s’y raccorde avec le présent ; la vanité élégante de la monarchie y a continué l’invention élégante de la république ; le gouvernement paternel des grands-ducs allemands y a continué le pompeux gouvernement des grands-ducs italiens. À la fin du dernier siècle et au commencement de celui-ci, Florence

  1. Voyez la Revue du 1er décembre 1865.