croix ; soudain une immense machine infernale fit explosion en ébranlant les échos comme une canonnade, puis la fusillade éclata derrière une barricade élevée au détour du chemin. Les défenseurs de cette barricade étaient déjà tournés par un de nos détachemens lancés à la découverte ; le terrain fut vite déblayé, et le 1er décembre 1864 nous étions de retour à Vittoria, où la junta reprenait ses séances.
Deux bonnes nouvelles nous attendaient à Vittoria. — Pendant que Mendez tenait la campagne, San-Carlos avait été occupé après une courte résistance par les troupes du général Mejia. — La contre-guérilla française recevait l’ordre de rejoindre les forces du maréchal Bazaine, pour prendre part aux opérations contre le paisano (compatriote) de Juarès, son partisan le plus tenace, Porfirio Diaz[1], qui à la tête d’une nouvelle bande organisait la résistance dans la ville d’Oajaca[2]. Nous allions donc quitter le Tamaulipas, traverser la Huasteca, les terres chaudes de Vera-Cruz, le plateau de l’Anahuac et revoir des Français. C’était dire adieu à la mort obscure, à la guerre de broussailles, pour entreprendre un magnifique voyage qui nous promettait les émotions d’un siège et un peu de gloire. Le Tamaulipas et sa capitale devaient être remis à l’armée impérialiste, déclarée assez forte désormais pour défendre le territoire. Malheureusement la brigade du général Mejia n’arriva que tardivement à Vittoria ; il fallut renoncer à toutes nos espérances. Ce dernier mois de décembre 1864 fut encore bien employé par la contre-guérilla, dont la moitié monta jusqu’à San-Luis chercher un convoi de 10 millions d’argent monnayé, portés à dos de mulets, qu’elle escorta sans accident jusqu’à Tampico. Les autres partisans français livrèrent aussi quelques combats heureux aux bandes disséminées et privées de leur dernière retraite par la prise de San-Carlos. Mendez et Carbajal, réduits aux abois, tentèrent contre nous un dernier effort, et ce fut près de l’hacienda de Caballeros qu’eut lieu le dernier choc entre les guérillas et les contre-guérillas.
Le 21 décembre, un de nos convois était sorti le matin de Vittoria ; il devait rapporter le lendemain de l’hacienda de Caballeros un chargement de maïs. Vers midi, nous apprîmes à Vittoria que toutes les guérillas se concentraient à mi-route de Caballeros pour envelopper le convoi à son retour. Un officier, Corse d’origine, nommé Giovanetti, fut envoyé en reconnaissance avec vingt fantassins de la contre-guérilla mexicaine. Vers le soir, une fusillade nourrie