Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/860

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

principales ont été entées sur l’arbre de la réformation, l’une par Wesley et l’autre par George Witfield. John Wealey naquit en 1703. Au moment où il parut, la religion n’était plus guère chez nos voisins qu’une affaire de mode. On pourrait comparer cette époque sous le rapport des croyances à celle qui précéda chez nous la révolution française. Ancien fellow (agrégé) d’Oxford, Wesley, après avoir reçu les ordres, se rendit tout jeune en Amérique pour y prêcher l’Évangile aux Indiens. A son retour en Angleterre, il chercha le moyen de régénérer la foi, qui se mourait dans les âmes. « Après avoir longtemps battu l’air, » il jura de s’adresser au peuple. Monté sur une charrette, sur une borne ou sur une meule de foin, il prêchait dans les champs et le long des grandes routes. De toutes parts on accourait pour l’entendre. Sa parole était claire, simple et convaincue, elle remuait la multitude avec le frisson du vent dans un champ de blé. Les églises lui étant fermées à cause du caractère de ses doctrines, il avait pris pour temple la voûte du ciel, et dans ces assemblées en plein air la voix de cinquante mille personnes chantant des hymnes composées par lui-même s’élevait comme le bruit des grandes eaux. Le maître et les disciples furent persécutés ; ces mauvais traitemens ne firent qu’attiser le feu de leur enthousiasme : c’est une des pages les plus tristes dans les annales religieuses de la Grande-Bretagne. Cependant l’église établie a, de même que l’aristocratie anglaise, une grande force ; elle sait prendre conseil de ses adversaires. Les pasteurs reconnurent qu’ils avaient trop négligé leurs troupeaux, et à la voix de John Wesley ils se réveillèrent de leur long engourdissement. C’était son intention : il voulait agir à la fois sur l’église et sur les parties qu’il en détachait. La secte des méthodistes wesleyens forme aujourd’hui en Angleterre un des rameaux les plus puissans de la division. Ils ne se séparent guère de la religion de l’état sur les questions de doctrine ; mais ils gouvernent tout autrement les affaires du culte. Deux genres de prêcheurs, les uns clercs et les autres laïques, président dans chaque arrondissement religieux aux besoins spirituels des sociétés méthodistes. Les clercs se dévouent entièrement aux œuvres du ministère et sont payés sur des fonds prélevés à cet effet dans les classes ou congrégations[1]. On prend d’ailleurs bien soin qu’ils ne s’enrichissent point de l’Évangile. Quelques-uns d’entre eux reçoivent le nom de prêcheurs ambulans (itinerant

  1. Ces classes sont considérées avec raison comme la base du système méthodiste. Elles se composent d’une douzaine de personnes, et chacune d’elles a un chef (leader), un laïque élu par un meeting de laïques. Chaque membre de la classe, à moins du cas d’extrême pauvreté, verse à titre de contribution au moins un penny par semaine dans la caisse de la société.