Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
PÉNINSULE ARABIQUE
DEPUIS CENT ANS

LE WAHABITISME. — LES ÉGYPTIENS ET LES TURCS EN ARABIE.

Au milieu de la quiétude un peu morne à laquelle le monde musulman semble condamné et résigné, la secte des wahabites est venue susciter, vers la fin du dernier siècle, la plus grande crise que la péninsule arabique ait ressentie depuis la prédication de Mahomet. Tout ce qui existe aujourd’hui sur ce sol a été renouvelé alors ou profondément ébranlé. A partir de la même époque, on a commencé à connaître plusieurs régions de l’Arabie sur lesquelles on était à peu près réduit aux indications fort incomplètes des géographes orientaux. Pour la première fois depuis bien longtemps, la péninsule a été traversée dans toute sa largeur par des savans et par des armées. On a découvert des villes et des montagnes dans une contrée qu’on s’était accoutumé à considérer comme plate, déserte, parcourue seulement par quelques nomades.

Les premiers temps de l’histoire du wahabitisme n’ont plus aujourd’hui rien d’obscur, grâce aux importans travaux de Burckhardt, de Corancey et de Rousseau. On sait qu’Abd-ul-Wahab, qui a donné son nom à cette secte, naquit en Arabie dans le Nedjd vers 1691. Après avoir visité l’Égypte et une partie de la Turquie, il revint dans sa patrie, où il se consacra à purifier la doctrine et à réformer