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point de départ eût été bien déterminé ; au dehors, on eût pu, avec l’autorité de la France, les proposer comme exemple à ces gouvernemens européens qui se ruinent en armemens excessifs. Au lieu de les livrer en détail à la publicité et aux commentaires du Moniteur, peut-être eût-il mieux valu les réserver au rapport financier que M. Fould présente chaque année à l’empereur dans cette saison. Ce rapport, nous l’espérons, ne tardera point à paraître, et réparera en partie les fautes que nous regrettons. Il est également certain qu’en présence du corps législatif, M. Routier et M. Vuitry ne négligeront point de définir la véritable portée des économies financières. N’importe, la mesure des réductions a joué de malheur à sa venue au monde. Elle a, comme on dirait au théâtre, manqué son entrée.

Les motifs par lesquels on a expliqué les tiraillemens trahis par le journal officiel ne nous paraissent nullement fondés. On a prétendu que le bruit des réductions militaires inquiétait et mécontentait l’armée. En premier lieu, c’est précisément parce qu’une réduction de cadres, si minime qu’elle soit, est de nature à alarmer les officiers sur les chances d’avancement et l’avenir de leur carrière, que nous eussions souhaité que la mesure en question eût été expliquée dans ses rapports avec la politique générale du pays. Prise isolément, comme une résolution d’intérêt administratif, une mesure de ce genre risque de perdre son caractère élevé et de passer pour un acte de parcimonie mesquine et tracassière. C’est seulement dans cette forme, à ce point de vue, que ceux de nos concitoyens qui sont voués à la carrière militaire peuvent croire leurs intérêts lésés. Montrez au contraire à l’armée que c’est au nom d’un vaste et permanent intérêt national qu’on lui demande de légers sacrifices, et soyez sûrs qu’elle ne marchandera point son dévouement. En touchant à cette affaire des cadres, on soulève d’ailleurs une grande question qu’il sera impossible de résoudre dans l’avenir suivant les vieux erremens du passé. La perpétuité des cadres et l’immobilisation des officiers dans la profession militaire forment un système qui ne pourra pas être toujours compatible avec les intérêts des sociétés démocratiques, pacifiques et laborieuses. Ce qui vient à cet égard de se passer aux États-Unis est un exemple qui ne sera pas perdu pour le monde. Les États-Unis ont licencié cette année une armée de plusieurs centaines de mille hommes et en ont dissous les cadres avec une facilité qui a étonné la routinière Europe. Un membre du parlement anglais, sir Morton Peto, un des plus grands entrepreneurs de chemins de fer de notre époque, et que ses compatriotes appellent l’homme qui emploie cent mille hommes, a visité récemment les États-Unis, et a porté principalement son attention sur les effets du licenciement de l’armée et de la dissolution des cadres. Il rendait compte, il y a peu de jours, de ses observations à ses électeurs de Bristol. Il leur disait l’étonnement avec lequel il a vu les officiers rentrer dans les professions civiles. Partout, dans les grandes manufactures, dans