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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



30 novembre 1865.

La saison de Compiègne, terme extrême des vacances politiques, est le moment aussi où par un mouvement de curiosité générale on semble se préparer à la prochaine campagne des affaires publiques. Partout d’ailleurs à cette époque commencent les apprêts du travail politique. Cette année, chez nous, les approches de la session se sont annoncées par ces bruits de réductions de dépenses dont le décret du 15 novembre, escorté de deux notes du Moniteur, laisse encore la signification indécise. En Italie, les affaires sont engagées par la réunion de la nouvelle chambre, qui a déjà presque terminé la vérification des pouvoirs. En Autriche, le grand travail de reconstruction constitutionnelle commence au sein des diètes provinciales et va traverser une décisive épreuve dans les délibérations de la diète de Hongrie. En Prusse, le fringant M. de Bismark songe aux difficultés qu’il doit rencontrer dans sa lutte avec la seconde chambre. En Angleterre, lord Russell s’efforce de compléter son cabinet et de prendre position en face de la question de la réforme parlementaire, naturellement évoquée par l’accident qui l’a replacé a la tête du pouvoir. En Espagne, on est à la veille d’élections nouvelles et au début d’une crise qui met en jeu non-seulement les principes et la fortune des partis, le crédit de l’état, une politique étrangère animée de périlleux caprices, mais la situation de la couronne elle-même. Aux États-Unis, le congres va se rassembler dans peu de semaines et ses mouvemens ne peuvent manquer cette année d’exciter une attention particulière en Angleterre et en France, puisque les gouvernemens de ces deux pays ont eu la maladresse de se créer de gaîté de cœur des différends avec la démocratie américaine. De toutes parts, nous allons donc rentrer dans l’ornière des affaires ordinaires. Au surplus, les esprits réfléchis ne perdront point de vue qu’au-dessous des incidens vulgaires qui vont se produire il y a une situation générale qui peut a chaque instant donner à ces