Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/745

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais cet acte n’était pas nécessaire : on arrive au même résultat avec la conversion obligatoire, lorsque le public est éclairé sur la situation de la banque qui émet les billets, et qu’il n’a affaire qu’à un seul établissement.

Maintenant le rôle de cette monnaie est-il appelé à devenir plus important ? Il le semblerait, si on ne consulte que ce qui se passe en France depuis un certain nombre d’années. La circulation fiduciaire, qui était de 363 millions en 1846 avant la fusion des banques départementales, de 470 millions en 1850 après cette fusion, de 612 millions en 1854, est aujourd’hui de près de 900 millions. Elle augmente d’année en année ; mais les résultats sont tout différens en Angleterre, aux États-Unis et dans d’autres pays très commerçans. En Angleterre, après la crise de 1857, au commencement de 1858, la circulation fiduciaire active de toute l’Angleterre était de 40 millions de livres sterling, au mois de septembre 1863 de 36 millions de livres sterling ; elle est aujourd’hui environ de 37 millions de livres sterling. Pour la Banque d’Angleterre seule, les résultats sont les suivans :


1854 Circulation fiduciaire 19 millions 1/2 de liv. sterl.
1864 « 19 millions 1/2 «

Aux États-Unis, en dehors du papier-monnaie créé par l’état pour les besoins de la guerre, il y avait en 1859, avec 1476 banques, moins de billets en circulation qu’avec 1208 en 1854 et 1416 en 1857.

Voici les chiffres :


1854 Billets en circulation 204 millions de dollars
1857 « 214 «
1859 « 195 «[1]

En Hollande, les billets au porteur n’augmentent pas non plus. Enfin à Hambourg, dans un des pays les plus commerçans de l’Europe, on ne les connaît pas. Cela démontre bien que l’augmentation des billets au porteur n’est pas liée nécessairement au développement des affaires, puisque dans les pays, les plus commerçans du monde ces billets tendent plutôt à diminuer qu’à augmenter. Il y a plusieurs raisons pour qu’il en soit ainsi. D’abord, à mesure qu’il y a plus de facilité dans les communications, des moyens de transport plus économiques, on fait servir les mêmes billets à plus d’usages, on en garde moins chez soi, et puis on recourt davantage au système des viremens et des compensations. On dépose son argent chez un banquier, on le charge de payer et de recevoir pour

  1. Voyez les tableaux publiés dans le livre des Crises commerciales, p. 32, par le docteur Juglar.