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Génèse, et même avant Noé. Cette conclusion est confirmée par les observations astronomiques envoyées de Babylone à Aristote par Callisthène, car elles remontaient à l’an 1903 avant Alexandre, ce qui fait supposer que Zoroastre était de beaucoup antérieur à cette époque.

Or c’est toujours dans un langage figuré que parlent les Orientaux : saint Paul avait déjà interprété comme une figure le récit biblique relatif aux enfans d’Abraham, tous les modernes interprètent de même celui qui concerne les enfans de Noé ; à plus forte raison est-on en droit d’appliquer le même système aux enfans d’Adam. Le récit de la Genèse touchant la lutte d’Abel et de Caïn et la fuite de celui-ci vers l’orient au pays de Nod (Indus) s’accorde singulièrement avec la tradition aryenne de la lutte des tribus et du départ des Aryas pasteurs. La suite de cette tradition est reproduite de la manière la plus exacte par les trente-cinq périodes ou générations que la Bible énumère d’Adam à David. Enfin on est étonné que les interprètes de la Genèse en soient venus à considérer Adam comme le premier homme quand il est visible, dans la Genèse même, qu’il existait d’autres hommes et d’autres femmes au temps d’Adam. Ce personnage ne peut donc être pris qu’au sens figuré, et si Abel et Caïn représentent les Aryas de Zoroastre et ceux de l’Indus, Adam lui-même, recevant la révélation de la bouche de Dieu, ne peut représenter que Zoroastre.

Si maintenant nous descendons la chaîne des temps, nous voyons les pères du peuple juif établis à Ur en Chaldée, qui était alors un des centres de la civilisation aryenne. C’est de là qu’Abraham partit avec Taré son père pour le pays de Chanaan et marcha vers le sud jusqu’en Égypte, où le poussait la famine. D’après la tradition qui fait remonter à Abraham l’alliance de Dieu avec son peuple, il faudrait donc admettre que Zoroastre avait été son précurseur, et que le sémitisme, dont ce patriarche est le père, est un des courans de la tradition aryenne, comme le vêdisme en est un autre. Or le courant sémitique, se développant chez un peuple où il n’était pas indigène, était sans cesse vicié par des retours au matérialisme. C’est pour empêcher cette dégradation de la doctrine que fut institué le prophétisme avec ses trois classes (les rabbonis, les rabbis et les rabs), exactement calqué sur l’antique organisation des mages. Un premier courant de doctrines aryennes existait donc chez le peuple hébreu lorsque la captivité de Babylone vint le revivifier par un mélange de cinquante années, et dès lors il ne fut plus interrompu. Toutefois la facilité avec laquelle le peuple juif s’écartait de la tradition sacrée conduisit ses chefs de Jérusalem à l’isoler entièrement des autres peuples et à s’opposer