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tribueraient par un fort subside. La province et la ville de Gênes ont formulé plusieurs fois la promesse d’y consacrer une somme considérable. La société du chemin sud-autrichien-lombard est tenue, par ses conventions avec le gouvernement italien, de fournir 10 millions pour le passage des Alpes helvétiques. D’autres offres de concours se produiront sans doute, surtout quand les intentions du ministère et du parlement se manifesteront nettement à la suite de l’enquête aujourd’hui ouverte.

La question des subsides présentera plus de difficultés en Suisse en raison des institutions compliquées du pays. Toutefois il y a lieu d’espérer qu’elle sera résolue d’une manière satisfaisante. La loi de 1852 laisse la construction et l’exploitation des chemins de fer aux autorités cantonales ou à l’industrie privée. Les concessions sont données par les cantons; mais une certaine part d’influence est réservée au gouvernement fédéral. Les concessions cantonales sont soumises à sa ratification il impose aux différens chemins certaines conditions d’uniformité nécessaires, et veille à ce que leur tracé ne compromette pas la défense du pays; il tranche les questions relatives au raccordement des lignes; il peut vaincre la résistance d’un canton qui s’opposerait à l’exécution d’un chemin d’intérêt commun; il contrôle l’exécution des lignes concédées, et peut prononcer la déchéance des concessionnaires qui ne rempliraient pas leurs obligations; enfin il a le droit de racheter les lignes établies. C’est lui d’ailleurs qui représente à l’étranger les intérêts de la Suisse et qui peut seul conclure des arrangemens internationaux. Ces pouvoirs ne sont pas restés inutiles entre les mains des autorités fédérales; elles ont dû s’en servir plus d’une fois pour calmer des conflits qui s’étaient élevés entre les sociétés privées et les cantons, pour rendre possibles des entreprises que traversaient de fâcheuses rivalités, pour vaincre en un mot toutes les difficultés qui naissent du morcellement de la souveraineté. Telle est la situation réciproque des autorités fédérales et cantonales. Celles-ci ont eu jusqu’ici l’initiative dans la question des subsides à fournir aux lignes alpestres. La réunion dite du Saint-Gothard, qui a été fondée, comme on l’a vu, par quatorze cantons représentant plus des deux tiers de la population de l’état et par les sociétés du chemin central et du nord-est suisse, a demandé à ses mandataires une subvention de 20 millions pour les travaux du tunnel 13 millions seraient fournis par les cantons, les 7 autres par les deux compagnies. Les fonds sont déjà en partie votés. Nous ne doutons pas que la somme entière ne soit prochainement disponible, et ne vienne se joindre. aux contingens de l’Italie. Nous estimons d’ailleurs que les ressources qu’on doit attendre de la Suisse ne sont