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la flèche de Guillaume Tell; elle tourne ensuite au sud-est en passant entre le pied de la montagne du Righi et le lac de Zug. Elle arrive ainsi à Goldau, dans l’endroit où, en 1806, l’éboulement du Rossberg enterra trois villages et une grande partie de la vallée: de là elle détache un embranchement sur Zug afin de raccourcir la distance entre Zurich et la montagne. Elle contourne ensuite la rive septentrionale du petit lac de Lowerz, traverse le torrent de la Muotta et rejoint à Brunnen le lac des Quatre-Cantons. Jusque-là, elle chemine à peu près toujours en plaine et ne présente pas, sous le rapport de la construction, de difficultés spéciales. A partir de Brunnen, elle entre dans la région classique de la Suisse. Voici le Grütli, berceau de la liberté helvétique. En face du Grütli, la voie entame la montagne, et, taillée dans le roc de l’Axen, à peu près comme la route militaire dont il a été parlé plus haut, elle suit le rivage pittoresque du lac. Voici maintenant la chapelle qui consacre la place d’où le pied de Guillaume Tell renvoya dans les flots agités la barque de Gessler. La voie passe au-dessus de la, chapelle et débouche M. Fluelen, dans le pays d’Uri. A partir de ce moment, elle s’engage dans la vallée de la Reuss. Cette vallée offre à l’origine une assez grande largeur et une pente modérée. Aussi, pendant un parcours de 10 kilomètres, au milieu duquel se trouve Altorf, chef-lieu du canton, la voie s’étend sans difficulté sur de beaux pâturages. A Erstfeld, elle commence à monter le long de la rive droite de la Reuss avec une pente de 20 millimètres, et côtoie trois cônes d’éboulement qui descendent de la Windgelle; elle passe ensuite derrière les ruines du fort de Zwing-Uri, dont la construction est attribuée à Gessler, et elle arrive devant Amsteg. En cet endroit, le torrent de la vallée de Maderane vient se jeter dans la Reuss, et l’horizon est presque entièrement caché par la noire pyramide du Bristenstock. La vallée principale se rétrécit subitement en tournant au sud-ouest, et forme une gorge abrupte et sauvage. C’est là que commencent les véritables difficultés de la traversée des Alpes. A partir de la station d’Amsteg, située à 1 kilomètre 1/2 en aval de ce joli village, le chemin de fer prend la pente de 25 millièmes, qu’il doit conserver pendant un parcours de 23 kilomètres, jusqu’à l’entrée du grand tunnel. Après avoir traversé le torrent de la vallée de Maderane sur un viaduc haut de 67 mètres et long de 135, il entame les flancs du Bristenstock et y creuse sept tunnels pour éviter les avalanches qui descendent de la montagne. Après un parcours de 8 kilomètres, il rejoint le thalweg de la Reuss près du village de Wyler. De Wyler cependant à l’entrée du grand tunnel, la vallée est trop courte pour qu’on puisse la suivre avec une rampe de 25 millièmes la voie tourne alors avec une courbe de 300 mètres, franchit la Reuss, retourne en ar-