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des banques d’émission doit être en général un capital de garantie ou peut être employé utilement dans les affaires de la Banque. Il y aurait encore à relever des questions un peu naïves telles que la quatrième, qui demande quelles sont dans un pays les causes régulatrices du taux de l’intérêt? C’est absolument comme si on demandait quel est sur un marché la cause régulatrice du prix des choses. Il ne peut y en avoir d’autre que le rapport de l’offre et de la demande. Maintenant ce rapport est-il ce qu’il devrait être? n’est-il pas faussé par des influences fâcheuses? C’est un autre ordre d’idées. Je ferai un reproche à peu près semblable à la huitième question, ainsi conçue : y a-t-il eu insuffisance des épargnes ou excès d’entreprises? Étant donné, et la question suppose cette prémisse, que la crise a été causée par l’insuffisance des capitaux, il n’était pas nécessaire de placer la disjonctive ou entre les deux membres de la proposition. Ils se confondent; les épargnes ont été insuffisantes parce qu’il y a eu excès d’entreprises, et il y a eu excès d’entreprises parce que les épargnes n’ont pas été suffisantes. Néanmoins, à part ces petites irrégularités, qui sont du reste sans importance, nous devons déclarer que le questionnaire a été bien fait, qu’il répond bien à toutes les questions qu’il était utile d’élucider, et que si l’on obtenait une réponse satisfaisante à toutes, on aurait le meilleur traité qui puisse exister sur les questions de crédit et de banque.

Je voudrais dans cette étude, non pas faire une revue de toutes les publications qui ont eu lieu à propos de l’enquête, cela m’entraînerait trop loin, et aurait, je crois, peu d’utilité; je voudrais seulement, m’inspirant des meilleurs travaux, essayer de répondre moi-même au questionnaire, en suivant ses principales divisions et en prenant dans chaque division les questions les plus importantes.


II.

La première division porte sur les crises monétaires. On y demande en résumé quelles ont été les causes de la crise de 1863 et 1864, quelles analogies et quelles différences cette crise a présentées avec les précédentes, quelle influence a exercée sur le marché intérieur la participation des capitaux français aux entreprises étrangères, et si la constitution de plusieurs sociétés de crédit a eu quelque action sur les embarras monétaires, a été de nature à éloigner ou à rapprocher les crises.

Et d’abord la crise de 1863 et 1864 a-t-elle été monétaire? Si la crise a été monétaire, ont dit certains esprits, ce n’est pas le capital qui a manqué, c’est tout simplement l’instrument de circulation,