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gine ; mais au moins, lorsque nous les aurons en face, nous serons tous d’accord sur les moyens de les traiter, et nous ne verrons plus se produire ces systèmes empiriques qui ne feraient qu’aggraver la situation. L’enquête peut nous rendre ce service mieux que tout autre moyen. Elle est dirigée par des hommes aussi éclairés qu’indépendans ; on s’adresse dans toutes les opinions aux personnes les plus compétentes; chacun vient déposer des faits tels qu’il les a vus et appréciés, et, s’il commet des erreurs ou obéit à:des préjugés, il est immédiatement en présence d’une contradiction, qui peut redresser son jugement. Il est bien rare que d’un examen ainsi fait il sorte autre chose que l’expression de la vérité. Non-seulement la vérité en sort, mais, ce qui est important par le résultat, c’est que le public en est persuadé ; il ne met pas en doute la sincérité d’une enquête, comme il met en doute l’opinion de telle ou telle personne, quelque considérable et compétente qu’elle puisse être. Toutefois, pour que cette enquête porte ses fruits, il faut qu’on publie un rapport qui indique bien le résumé de toutes les dépositions et l’opinion qui s’en est formée au sein de la commission. Ce rapport, livré à une grande publicité, acquerra une autorité, devant laquelle n’oseront plus se produire toutes les idées chimériques que nous sommes habitués à rencontrer à chaque crise; ce sera comme une espèce de loi que chacun sera tenu de respecter.

Ceci dit sur l’utilité de l’enquête, voyons maintenant sur quoi elle doit porter. Elle est intitulée « enquête sur les principes et les faits généraux qui régissent la circulation fiduciaire et monétaire, » et le questionnaire qui a été dressé par la commission comprend quarante-deux questions divisées en cinq paragraphes des crises monétaires, de la monnaie fiduciaire, des conditions d’une bonne monnaie fiduciaire, des établissemens qui émettent de la monnaie fiduciaire, du fonctionnement de la Banque de France.

Peut-être le nombre des questions est-il trop considérable et aurait-on pu facilement le diminuer. Il y en a qui font double emploi, qui demandent à peu près la même chose en d’autres termes; d’autres qui se déduisent forcément les unes des autres sans qu’il fût nécessaire de les exprimer séparément. Ainsi, quand on a demandé par la première question quelles ont été les causes de la crise monétaire de 1863 et 1864, on pouvait éviter la sixième, qui est ainsi conçue : quelles sont les causes qui ont pu récemment réduire la disponibilité des capitaux? Il est bien évident que les causes qui ont amené la crise de 1863 et 1864 ont également agi sur la disponibilité des capitaux. De même, de la trente-deuxième question, qui porte sur le rôle et la destination du capital de la Banque, à côté de la trente-quatrième, qui demande si le capital