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session, des motions conçues en leur faveur sous diverses formes passèrent, quelques-unes du moins, à la chambre des communes après une lutte d’éloquence entre Canning et Peel; mais elles allèrent expirer à la chambre des lords. Plus heureux, le chancelier de l’échiquier Robinson et le président du bureau du commerce Huskisson inaugurèrent, l’un ces budgets où l’abaissement des taxes est présenté comme le meilleur moyen d’en augmenter le produit, l’autre ces premiers amendemens aux systèmes prohibitifs ou restrictifs de toute liberté du commerce qui devaient tomber vingt ans plus tard avec tant d’éclat. Et comme la question des céréales est logiquement inséparable de celle des douanes, la coïncidence d’une grande cherté de grains avec une crise commerciale provoquée par les excessives spéculations qui suivirent la proclamation de l’indépendance des colonies espagnoles donna naissance à des souffrances et à des plaintes auxquelles le gouvernement ne put rester insensible. Il réclama le pouvoir de modérer les droits sur les grains étrangers dans les circonstances extrêmes. A la résistance moitié agricole, moitié aristocratique, que souleva cette mesure dictée par la nécessité, on put voir à quelle arche sainte une main téméraire venait de toucher.

Telle était la situation, et une réélection générale ne l’avait pas sensiblement modifiée (juin 1826), quand s’ouvrit la première session de la nouvelle législature. Deux choses préoccupaient tous les esprits. Les plaintes des ouvriers des villes et la détresse des districts manufacturiers ne permettaient plus d’ajourner une révision des lois des céréales. L’état de l’Irlande, agitée par la misère et par des associations catholiques, exigeait à la fois des mesures de répression et des mesures de soulagement. C’est dans ces circonstances que lord Liverpool fut frappé d’une attaque de paralysie. Une crise ministérielle commença, qui dura plus de cinquante jours (17 février — 12 avril 1827).

Le chef du parti ministériel dans la chambre des communes était naturellement désigné pour devenir le chef du cabinet; mais c’était Canning, et Canning, depuis qu’il était rentré dans les affaires, n’avait fait que rétracter les traditions de lord Castlereagh et soustraire la politique étrangère à l’influence du duc de Wellington, qui les représentait dans le conseil avec toute l’autorité de son nom. Quoique en meilleure relation avec Peel, Canning était séparé de lui par toute l’épaisseur de la question des catholiques. On pouvait dire que la majorité ministérielle dans la chambre se composait de deux partis, l’un pour, l’autre contre les catholiques, dont chacun avait son guide et son orateur, l’un Canning, l’autre Peel. Canning s’était laissé aller à dire dans une discussion que, s’il était appelé