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de notre service de trésorerie. Il voudrait opérer progressivement la substitution d’un autre rouage au service des receveurs-généraux. Les recettes générales sont le dernier vestige qui reste parmi nous des places de finance de l’ancien régime. On ne s’explique point la durée de cette institution, créée pour les besoins d’une autre époque. Il est clair que la Banque de France, avec son réseau de comptoirs départementaux, peut faire chez nous ce que la Banque d’Angleterre fait chez nos voisins, et doit pouvoir effectuer avec la plus grande économie possible le service de la trésorerie. Il serait à souhaiter que M. Fould, puisqu’il a mis la main à cette réforme, la complétât le plus promptement possible. Des mesures destinées à faire disparaître une fonction et une classe de fonctionnaires ne peuvent guère s’exécuter à moitié : on ne peut pas longtemps laisser les hommes, pas plus que les choses, entre la vie et la mort. Ce qu’il y a de plus remarquable peut-être dans cette mesure de la suppression des receveurs-généraux, c’est l’esprit de désintéressement dont elle témoigne. Le pouvoir avait là un nombre considérable de places qui représentaient la fortune, places enviées, recherchées, avidement sollicitées. Il n’est pas commun, nous en convenons, de voir un gouvernement renoncer de lui-même à un si riche patronage. Les projets d’économies dont nous parlons ne sauraient être dérangés par les légers troubles qui ont recommencé dans le sud de l’Algérie. Les idées politiques de l’empereur sur l’Algérie s’accordent d’ailleurs avec un système d’économies financières ; on en verra la preuve dans la brochure que l’empereur a écrite sur l’Algérie. Ce curieux mémoire, dont la première édition n’avait point été livrée à la publicité, sera enfin sous peu de jours mis à la disposition de tous ceux qui auraient le désir de le consulter. Ignorant si des corrections seront introduites dans la prochaine édition, nous n’osons point entrer dans l’appréciation détaillée de cette étude consciencieuse. Nous nous contenterons de dire que l’empereur nous y donne l’exemple de la plus entière franchise dans la critique : c’est une belle et bonne leçon d’opposition dont nous aimerions à faire notre profit. L’empereur donne d’ailleurs ici une autre preuve de son désintéressement, car le système si résolument combattu par lui n’est après tout que celui que son gouvernement a pratiqué pendant quatorze ans de règne.

Les choses en Italie ne touchent point assurément à une solution finale : elles marchent pourtant dans tous les sens suivant leurs voies naturelles. Les élections générales sont terminées ; l’opération de l’évacuation de Rome par nos troupes est réglée, et les échéances successives en sont fixées d’avance. Enfin la cour de Rome se prépare à sa façon aux événemens en renonçant au concours d’un homme, M. de Mérode, qui s’était depuis longtemps dévoué à elle avec éclat. Il est difficile d’apprécier la portée des élections italiennes. Naturellement le parti qui a le plus contribué au succès du transfert de la capitale et de la convention du 15 septembre, la consorteria, comme l’appellent les Italiens, devait recueillir immédiatement